Université de Fribourg. Des chercheurs démontrent que la carapace des tortues a limité leur évolution
La carapace des tortues freine fortement leur développement évolutif. Cela expliquerait le faible nombre d’espèces en comparaison avec d’autres groupes d’animaux, selon une étude fribourgeoise.
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ATS
Aujourd’hui à 11:16, mis à jour à 14:39
Bien que les tortues soient apparues il y a plus de 230 millions d’années, à l’époque du Trias, on n’en recense aujourd’hui que 350 espèces. En comparaison, il existe plus de 10’000 espèces d’oiseaux.
Pour leur étude publiée dans la revue Ecology & Evolution, Guilherme Hermanson et Serjoscha Evers, de l’Université de Fribourg (UniFr), ont examiné la relation entre la taille corporelle et la longueur des membres chez les tortues. Ils montrent de quelle manière ces proportions restreignent le potentiel évolutif de ces animaux.
Alors que les membres des autres animaux grandissent et s’adaptent en fonction de la taille du corps, les tortues présentent une proportion fixe entre le corps et les membres.
«Les mesures que nous avons réalisées sur plus de 200 espèces de tortues, vivantes ou disparues, montrent que le rapport entre la longueur de la carapace et celle des membres n’a pratiquement pas changé au cours de millions d’années», explique M. Hermanson, cité mercredi dans un communiqué de l’UniFr.
La carapace agit comme une «impasse évolutive»: elle empêche les tortues de développer de nouvelles formes corporelles, comme des variétés dotées d’ailes ou sans membres.
Exceptions chez les tortues marines
Les tortues marines présentent de légères variations, car elles utilisent leurs membres antérieurs pour nager. En se basant sur des modèles statistiques, les scientifiques ont aussi pu estimer la taille des espèces disparues, suggérant que la longueur maximale de la carapace des tortues marines pouvait atteindre environ 2,2 mètres, une taille comparable à celle de la tortue luth moderne.
Les tortues marines ne peuvent probablement pas atteindre une plus grande taille, car elles doivent retourner sur la terre ferme pour pondre leurs œufs. Or les animaux plus grands y surchauffent plus rapidement, soulignent les auteurs.
Les animaux marins comme les baleines et les dauphins ou certains reptiles disparus comme les plésiosaures et les ichtyosaures n’avaient pas cette contrainte: ils mettaient leurs petits au monde dans l’eau et pouvaient ainsi atteindre des tailles bien plus importantes.