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Produire des remèdes sans solvant

La HEIA-FR participe à un projet européen qui pourrait révolutionner la fabrication de médicaments

L'EIAF participe à un projet qui permet d'éviter d'utiliser des solvants pour la fabrication de médicaments. Dr. Ludovic Gremaud Photo Lib / Charly Rappo, Fribourg, 16.01.2023Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

Charly Veuthey

Charly Veuthey

19 janvier 2023 à 20:51

Temps de lecture : 1 min

Recherche » En cette période de pénurie de médicaments, assurer l’approvisionnement est un enjeu essentiel. L’Ecole d’ingénieurs et d’architectes de Fribourg (HEIA-FR) se profile dans un secteur peu connu mais qui permettrait de rapatrier en Europe une partie de la production qui est actuellement concentrée sur quelques sites.

La sécurité d’approvisionnement est l’un des enjeux du projet européen de recherche Impactive, dans lequel s’est engagée la HEIA-FR, avec 17 partenaires européens, sous la bannière du programme Horizon Europe – ce qui se fait de mieux en la matière. Ce projet est coordonné par l’Université de Montpellier. Les chercheurs s’intéressent précisément à la production des principes actifs pharmaceutiques (API), avec l’objectif de remplacer les solvants par des procédés de mécanochimie.

«Nous avons choisi les API parce que l’industrie pharmaceutique, importante pour l’Europe et pour la Suisse, est très polluante en raison de l’utilisation des solvants, qui représentent environ 80% des déchets générés par la production des molécules concernées», explique le Professeur Ludovic Gremaud, porteur du projet à la HEIA-FR,

Le lien entre les effets négatifs des solvants et la délocalisation des entreprises de production est établi. Les pharmas ont décidé de produire leurs molécules en Asie, entre autres en raison des règles environnementales imposées par l’Europe, qui génèrent des coûts élevés pour la production de ces principes actifs. «De nouvelles méthodes pour produire de manière écologique, efficace et économique sont donc nécessaires pour assurer la chaîne d’approvisionnement et faire face aux crises», peut-on lire sur le site du projet Impactive.

Une technologie de rupture

Dans la chimie conventionnelle, on plonge les matériaux dans un réacteur rempli de solvant où ils réagissent pour produire la molécule voulue. La mécanochimie permet de se passer complètement des solvants, en appliquant des forces mécaniques qui permettent d’obtenir la même réaction. Pour les connaisseurs, «on utilise des techniques telles que le broyage à billes, l’extrusion à deux vis, le mélange par résonance acoustique ou encore le séchage par atomisation», détaille Ludovic Gremaud.

Ces nouvelles technologies ouvrent d’intéressantes perspectives au moment où les pharmas se heurtent aux limites de la production en Asie. «Plusieurs raisons expliquent la récente pénurie, relève Ludovic Gremaud. Les usines fabriquent en flux tendu et n’accumulent pas de stocks. En cas de rupture dans la chaîne d’approvisionnement, comme cela a été le cas durant le Covid, ou plus récemment quand le Gouvernement chinois a fermé des usines, sans crier gare, les répercussions touchent toute la chaîne.»

Souvent, même pour les médicaments produits en Europe ou aux Etats-Unis, seules les quelques dernières étapes de la fabrication sont réalisées sur place. Les industriels aimeraient donc rapatrier la production des principes actifs nécessaires, afin de reprendre le contrôle, tant pour éviter les pénuries que pour contrôler le respect des réglementations environnementales. En 2021, tous les journaux français annonçaient avec fracas le retour de la fabrication du paracétamol en Isère, en notant qu’elle s’inscrivait dans le renforcement de «la souveraineté médicale de la France.» L’usine ouvrira ses portes en 2025.

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