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Économie Régionale

Une usine qui a retrouvé le sourire

A Guin, Medion Grifols Diagnostics produit des réactifs utilisés dans le cadre de transfusions sanguines

Racheté en 2009 par le groupe espagnol Grifols, le site de Guin dispose de quatre lignes de production.

 Thibaud guisan

Thibaud guisan

1 avril 2019 à 04:01

Médical » C’est une société à l’histoire mouvementée qui renoue avec la croissance. A Guin, Medion Grifols Diagnostics est en pleine phase d’expansion. Spécialisée dans la production de réactifs utilisés dans le cadre de transfusions sanguines, l’entreprise emploie 60 collaborateurs. Son portefeuille comprend 150 produits, distribués dans 50 pays, sur tous les continents.

La société singinoise, qui exporte plus de 70% de sa production, fournit des hôpitaux, des laboratoires privés ou encore des banques de sang. «Nos produits servent à assurer une transfusion de sang compatible», résume Peter Schwind, président du conseil d’administration. «En dix ans, notre effectif a doublé. Dans le même temps, nos ventes ont triplé, avec plus de 10% de croissance chaque année», ajoute-t-il, sans dévoiler d’autres chiffres.

Propriétaire espagnol

Depuis 2009, l’usine de Guin – qui comprend 5800 m2 de bureaux et de surfaces de production – est propriété du groupe espagnol Grifols (lire ci-dessous). «Ce nouveau propriétaire nous a apporté du capital pour investir, ainsi qu’un accès aux marchés pour distribuer plus largement nos produits.» Les réactifs produits en Singine sont désormais également utilisés par les laboratoires disposant d’automates développés par Grifols pour leurs tests sanguins.

Le site de Guin a été inauguré en 1977. Après une phase de croissance qui lui permet de s’imposer comme un leader en Europe, la société vit une période plus délicate. En recul, elle est rachetée par des investisseurs allemands en 2001, puis fait l’objet d’un management buy-out en 2005, initié par Peter Schwind, directeur général à cette époque. «L’entreprise a failli fermer en 1999 et en 2005. C’est en nous focalisant de nouveau sur l’innovation que nous avons réussi à survivre et à nous reconstruire», confie le président du conseil d’administration, qui a rejoint l’entreprise en 2002 comme responsable de la recherche et du développement.

Une carte à succès

Un produit a également contribué à relancer les affaires de l’usine singinoise: la MD Multicard, un test sanguin de la taille d’une carte de crédit, qui permet de livrer en quelques minutes le groupe sanguin du patient, son rhésus, ainsi que des sous-groupes. Cette innovation, lancée sur le marché en 2006, permet de tester jusqu’à dix paramètres à la fois et fonctionne sans centrifugeuse et donc sans électricité: un atout pour des situations d’urgence, par exemple. «Cela reste un de nos produits phares», souligne Peter Schwind.

Le président du conseil d’administration ajoute que la MD Multicard a permis à l’entreprise de se positionner à nouveau comme une firme innovante et de gagner en visibilité. Jusqu’à susciter l’intérêt de Grifols. «Ce produit nous a fait renaître, comme le phénix de ses cendres», image Peter Schwind. En 2010, Medion Grifols Diagnostics investit deux millions de francs à Guin pour automatiser la production de ce nouveau produit, aujourd’hui fabriqué en centaines de milliers d’unités par année.

En quête de personnel

Soutenu par son nouveau propriétaire espagnol, le site de Guin poursuit constamment ses recherches dans l’innovation. Depuis son rachat par Grifols, il a développé 60 nouveaux produits, toujours fabriqués en Singine. La croissance passe par le recrutement de personnel qualifié supplémentaire: cinq postes sont ouverts à ce jour. «Nous sommes une petite PME, qui produit dans un pays cher. Nous devons prouver au quotidien que notre site génère une valeur ajoutée au sein du groupe Grifols», relève Peter Schwind.

L’usine fribourgeoise a souffert de la force du franc, après l’abandon du taux plancher par la Banque nationale suisse, en janvier 2015. «C’était une période difficile à surmonter. Le volume de marché restait stable, mais comme nous sommes exportateurs, nos marges ont été fortement touchées. La situation s’est améliorée et nous vivons mieux avec un euro équivalant à 1,13 franc.»

L’entreprise, qui dispose de quatre lignes de production, a récemment mis au point une protéine anti-interférence, qui améliore la sécurité des transfusions sanguines chez les personnes souffrant d’un cancer. De nouveaux médicaments contre le cancer perturbent en effet la fiabilité des résultats des tests sanguins nécessaires avant une transfusion. Cette innovation a permis à la société de figurer parmi les finalistes du dernier Prix à l’innovation du canton de Fribourg. «C’est un projet interdisciplinaire qui a permis à plusieurs entreprises de Grifols de collaborer», se réjouit Peter Schwind.

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