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Économie Régionale

En 2015, BlueFactory prendra son envol

Interview • Selon son nouveau directeur Jacques Laurent, le site de BlueFactory à Fribourg doit s’autofinancer et être administré comme une société immobilière. Les nouvelles constructions devraient débuter cette année.

Les nouveaux locataires (notamment les plateformes technologiques) devraient commencer leurs activités sur le site cet été.

Propos recueillis par Tiago Pires (L’Agefi)

Propos recueillis par Tiago Pires (L’Agefi)

13 janvier 2015 à 16:33

Depuis le 1er décembre 2014, Jacques Laurent est le nouveau directeur de BlueFactory. Ses objectifs se conjuguent avec la volonté des autorités de poursuivre la stratégie ambitieuse de réalisation du futur quartier d’innovation mis en œuvre sur l’ancien site de Cardinal, à proximité de la gare de Fribourg. Son objectif immédiat sera de permettre aux nouveaux locataires (notamment les plateformes technologiques) de commencer leurs activités sur le site durant l’été 2015, puis de coordonner la construction des premiers nouveaux bâtiments du site. Première étape: démolir une partie des anciens bâtiments techniques pour faire place aux nouveaux édifices.

- En premier lieu, pourquoi avez-vous accepté de devenir le nouveau directeur de BlueFactory?

Jacques Laurent: Cette opportunité m’offre l’occasion de revenir à une expérience déjà vécue au Parc scientifique de l’EPFL (PSE) de 2000 à 2008, aujourd’hui renommé Innovation Park. Je me sentais à l’aise dans ce métier que j’ai quitté six ans auparavant. J’ai développé un intéressant réseau intersectoriel, géré et administré un important site multi-entreprises. Après des expériences diverses et notamment dans le domaine des énergies renouvelables et du développement durable, je sentais qu’il y avait une convergence avec le rôle de directeur de BlueFactory. J’estime avoir une valeur ajoutée dans le développement et la gouvernance de ce type de structure.

- Ne craignez-vous pas qu’on associe le projet BlueFactory avec vos réalisations au PSE?

L’objectif n’est pas de créer un second Parc scientifique à Fribourg. Les ambitions sont différentes et nous devons composer avec un terrain doté d’un héritage historique situé au centre-ville, à proximité des Hautes Ecoles. Fribourg n’a pas le même pouvoir d’attraction naturel que la région lémanique. Et il faudra développer de manière intensive l’attractivité de BlueFactory. La proposition de valeurs doit être calibrée à la situation fribourgeoise.

Ce serait une erreur de vouloir dupliquer entièrement le quartier innovation de l’EPFL à Fribourg. Certains éléments seront repris comme la diversité des activités sectorielles et la diversification des risques. L’innovation se trouve souvent à la frontière de tous les secteurs. Nous ne voulons donc pas nous spécialiser dans une branche et délaisser les autres. Il faut offrir une mixité dans les plateformes technologiques et les start-up.

- Le PSE présentait déjà une structure avancée. A Fribourg, vous devez tout construire…

C’est un beau défi professionnel d’arriver et de mener un projet du début à la fin. Les autorités politiques de la ville et du canton de Fribourg, le directeur ad interim Jean-Luc Mossier et toutes les personnes évoluant dans le giron du quartier technologique ont déjà accompli un énorme travail pour permettre le lancement de ce projet dans les meilleures conditions. Plusieurs étapes primordiales ont ainsi été franchies. Maintenant, nous devons passer en phase d’exécution en construisant des édifices et en démolissant les bâtiments obsolètes. Ce chantier est important car il faut prendre en compte les contraintes et les avantages de Fribourg et de BlueFactory.

- Et quels sont-ils?

Le bilinguisme du canton, la position géographique centrale de Fribourg qui est à mi-distance entre Genève et Zurich, le positionnement du quartier technologique en plein centre de la ville, la proximité des Hautes Ecoles et sa visibilité. A Lausanne, à Zurich et à Yverdon-les-Bains, les parcs technologiques sont en périphérie. Les accès ferroviaires et autoroutiers sont particulièrement développés.

La réalisation d’un cheminement de type mobilité douce allant de la gare au plateau de Pérolles en passant par BlueFactory permettrait d’intégrer le quartier d’innovation de manière attractive dans la ville. Nous avons la volonté de rénover et développer le site en respectant des normes environnementales. Nous sommes libres de construire et d’apporter des aménagements importants sur les lieux. De plus, nous bénéficions d’un appui apprécié des Hautes Ecoles régionales.

- Et les contraintes?

Nous voulons faire éclore l’innovation au sein du quartier technologique en se différenciant de Lausanne ou de Zurich. Certes, nous allons nous baser sur mon expérience du PSE mais il est nécessaire d’intégrer les spécificités de Fribourg dans le plan d’aménagement.

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Rentable en 2017?

- Quelles seront les principales étapes annuelles dans l’aménagement du site?

Jacques Laurent: Le futur parc technologique est une friche industrielle composée de bâtiments hétéroclites et d’édifices historiques. Notre premier défi débutera fin janvier avec la démolition d’une partie du site, notamment les bâtiments techniques situés tout autour de la cheminée historique et du silo. Ces deux monuments figurent au patrimoine fribourgeois. En parallèle de ce démantèlement partiel, nous allons procéder à la rénovation de l’imposante halle bleue. Selon notre plan de route, cet espace sera aménagé, pour accueillir les plateformes technologiques des Hautes Ecoles dès l’été 2015.

- La rénovation de la halle bleue est décrite en termes de projet innovant. De quoi s’agit-il?

Nous avons la volonté de remplir la halle à l’aide de modules. D’une taille similaire à des portes-à-cabines, ces petits espaces seront principalement des bureaux et des laboratoires. Ils seront conçus en bois et empilés sur trois étages dans l’optique de limiter les coûts. Ils seront protégés des intempéries par l’enveloppe extérieure de la halle. Ces modules pourront être assemblés comme les briques de construction de marque danoise Lego de manière à créer des surfaces de tailles diverses. Les matériaux nobles seront à l’honneur.

Nous voulons offrir une flexibilité spatiale et temporelle dans les contrats de bail. C’est un défi architectural innovant qui offrira un espace locatif aux plateformes technologiques comme le Smart Living Lab et le Swiss integrative center for human health (SICHH), ainsi que pour des start-up. Ce projet innovant devra être rentable. Et c’est là tout le défi.

- Comment voulez-vous accéder à la rentabilité?

Le message est clair: BlueFactory doit s’autofinancer dès aujourd’hui. La ville et le canton ont doté la société anonyme des terrains, des bâtiments et d’un certain investissement. Nous devons nous financer par le biais de nos activités immobilières. La gestion du quartier d’innovation est administrée comme une société immobilière. C’est le seul modèle économique viable en Suisse pour de telles structures.

Le modèle Y-Parc à Yverdon-les-Bains a présenté énormément de difficultés dans les dernières décennies car la société de gestion et de promotion du Parc n’était pas propriétaire de ses actifs. BlueFactory est une société immobilière particulière en raison de son actionnariat spécifique. Compte tenu de la valeur de ses actifs, BFFSA peut dorénavant procéder à des emprunts bancaires pour rénover les anciens bâtiments et pour construire les futurs bâtiments du site. Le seuil de rentabilité ne sera pas atteint avant 2017.

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