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Les lettres à nos aînés

Vous êtes «vieux» mais si beaux!


9 mai 2020 à 04:01

Lettre à nos aînés

Mes chers parents,

Vous vous tenez à deux mètres de ma voiture pour saluer Fernand qui, installé sur la banquette arrière, agite sa petite main: «A bientôt grand-maman! A bientôt grand-papa!»

Vous ne me voyez pas car, émus de sa présence dont vous êtes privés depuis plusieurs semaines, vous le regardez lui.

Et moi, à travers l’appuie-tête, je vous regarde, vous.

Je vous fixe comme si je ne vous avais pas vus depuis des années et m’aperçois soudain que vous êtes «vieux». «Vieux» mais si beaux! Et davantage lorsque votre visage froissé de rides sourit à Fernand.

J’allume le moteur, actionne le boîtier de vitesses, recule et effectue quelque manœuvre avant de m’engager sur la voie publique en vous adressant, à mon tour, un geste de la main. «Ouvre l’autre fenêtre, maman! J’veux encore dire au revoir à grand-maman et à grand-papa», insiste Fernand, qui se penche vers vous jusqu’à ce que vous disparaissiez.

Je reviendrai bientôt vous livrer les courses. Des pommes, un ananas, des kiwis, encore des pommes, toujours des pommes, des carottes, des échalotes, des asperges, des tomates, des petites pommes de terre nouvelles, de la farine, du beurre, du beurre et du beurre, de la levure, du mascarpone, un train de cinq côtelettes de porc préparées par le boucher qui devra scier l’os frontal, de la semoule de blé dur, de la pâte à nouille fraîche, des croquettes pour chats et de l’Aspirine Cardio®. Comme lors de chaque livraison, il manquera l’aliment farfelu que nous n’aurons pas trouvé en rayon… et je reviendrai encore.

Je vous embrasse, de loin… et vous aime, de près.

Mélanie Richoz, écrivain, Bulle. Photo Mélanie Rouiller

Pour vos lettres à nos aînés: redaction@laliberte.ch

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