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Canton

Une cité née au Mésolithique

L’historien des monuments Daniel de Raemy retrace le passé d’Estavayer-le-Lac à travers un livre


 Lise-Marie Piller

Lise-Marie Piller

20 novembre 2020 à 19:57

Temps de lecture : 1 min

Estavayer-le-Lac » Saviez-vous qu’Estavayer-le-Lac pourrait souffler un gâteau de 10’000 bougies? L’historien des monuments Daniel de Raemy s’est plongé avec délice dans la longue histoire de cette ville apparue au Moyen Age, qu’il raconte dans l’ouvrage Le district de la Broye I. La ville d’Estavayer-le-Lac, commandé par la Société d’histoire de l’art en Suisse (SHAS) et qui vient de paraître.

Tout débute au Mésolithique, entre 8000 et 5500 av. J.-C. Les berges du lac de Neuchâtel sont occupées, comme l’atteste une pirogue découverte sous le château de Chenaux. Entre 1000 et 900 av. J.-C., un important village s’étend vers le port actuel. Puis durant l’Antiquité, c’est le trou noir. Aucun vestige n’a été retrouvé sur l’emplacement d’Estavayer-le-Lac.

Moyen Age doré

Arrive l’âge d’or de la ville: le Moyen Age. La cité se développe à partir d’un sanctuaire bâti avant l’an mille. Il s’agit d’un modeste édifice, qui sera complètement reconstruit à deux reprises et deviendra la collégiale Saint-Laurent. «Estavayer-le-Lac prend la silhouette qu’on lui connaît aujourd’hui à la fin du XIIIe siècle, à l’exception du quartier de la Bâtiaz vers le château», indique Daniel de Raemy.

Régie par trois coseigneurs, la ville prospère. C’est de l’une de leurs armoiries que vient la fameuse rose symbole d’Estavayer-le-Lac. Mais des problèmes d’argent se posent, et les dirigeants sont obligés de vendre ou de mettre en gage leurs titres et leurs biens auprès des comtes de Savoie. Ce qui fera le plus grand bien au château de Chenaux, agrandi et restauré dès 1432 par Humbert le Bâtard, fils illégitime du comte Amédée VII de Savoie. Pour la petite histoire, celui-ci fait enfermer à la tour de l’Ile à Genève les trois maîtres d’œuvre, qu’il accusait de ne pas respecter les délais. L’heureux propriétaire, hélas pour lui, décédera avant d’avoir pu y habiter. Il résidait dans ce qui est devenu le Musée d’Estavayer-le-Lac et ses grenouilles.

Les sœurs dominicaines arrivent en 1316 à l’invitation de Guillaume VI d’Estavayer et fondent leur monastère. Les raisons? L’insécurité régnant dans la périphérie de Lausanne, où elles étaient auparavant établies, et une trop grande proximité géographique avec un couvent dominicain masculin, qui induisait une concurrence. La guerre passe ensuite par là. Parce qu’Estavayer-le-Lac s’est rangé aux côtés de Charles le Téméraire, les armées confédérées attaquent la ville en 1475 et incendient le château de Chenaux. «Toute la garnison et un coseigneur y sont passés», raconte Daniel de Raemy.

Les problèmes d’argent se suivent et se ressemblent. «L’oligarchie régnante» de Fribourg profite de dettes contractées par des coseigneurs, notamment auprès de l’Hôpital fribourgeois, pour s’emparer petit à petit d’Estavayer-le-Lac. «Il s’agit du problème de ces seigneurs médiévaux qui ne maîtrisaient pas bien la puissance économique marchande alors que le patriciat fribourgeois avait fait fortune sur l’industrie et le commerce. C’est le même scénario en Gruyère, qui serait peut-être restée indépendante si les comtes ne s’étaient pas endettés», commente Daniel de Raemy.

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