Rubans de mots à l’arrêt de bus
L’association Semaines de la lecture a investi le bitume à Fribourg. Projet de Visarte
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Stéphanie Buchs
18 août 2020 à 04:01
Fribourg » Des mots peints sur le bitume accrochent le regard à l’arrêt de bus de Beauregard, à Fribourg. Coloré de blanc, le mot ville se répète, comme un pont qui enjambe sa rivière, la Sarine dont les lettres sont teintées de bleu. Virevoltant entre ces deux mots multipliés, la vie prend la couleur jaune. Au centre, une phrase flotte dans une bulle rouge: «Attends-moi, mon amour.»
Cette œuvre conçue par l’artiste français Patrick Chauvin a été commandée par l’association Semaines de la lecture, dont l’objectif est de promouvoir la lecture. Ses deux responsables, Agnès Jobin et Françoise Vonlanthen, ont répondu à un appel de candidatures pour un projet mené par Visarte et la ville de Fribourg. Visarte Fribourg est une association professionnelle des artistes visuels et architectes fondée en 2001.
Intitulé L’art foulé du pied, ce projet a pour but de profiter de l’élargissement piétonnier lié au réaménagement des arrêts de bus en ville, en l’occurrence sur l’avenue de Beauregard et à la route de Villars. Les bus n’ont plus leur propre place d’évitement, mais restent sur la chaussée pour faire monter et descendre les passagers. La place réservée aux piétons s’est ainsi élargie.
Lancé en 2019, ce projet a pris la forme d’un concours participatif. Chacun, artiste ou pas, était invité à proposer des idées pour décorer cinq arrêts de bus. Au total, près d’une quarantaine de projets ont été déposés. Parmi lesquels celui de la Semaine de la lecture, qui a fait partie des cinq projets retenus par le public. Car ce sont les passants qui, en votant, ont choisi les gagnants. «La réalisation a pris un peu de retard», explique Patricia Cosandey, secrétaire de l’association Visarte. «L’idée est que tout soit terminé en septembre. Nous organiserons alors un petit événement qui marquera la fin du projet.»
Sur les cinq arrêts, pour l’instant, quatre ont été réalisés. Presque en face de l’œuvre que l’on vient d’évoquer à l’arrêt de Beauregard en direction de la gare, le passant peut aussi se perdre dans un labyrinthe jaune sur le trajet inverse. Alors qu’il retombe en enfance avec des chats qui jouent de la musique ou font du skateboard à l’arrêt de Bethléem en direction de la gare, il peut enjamber des personnages qui représentent toutes les générations au stop Vignettaz-Daler en direction des Dailles. De l’autre côté de la route, à côté du fameux kiosque rouge, le bitume attend encore la dernière réalisation.
Interpeller les passants
Qu’est-ce qui a motivé les deux responsables de l’association Semaine de la lecture à se lancer dans cette aventure? «C’était pour nous une occasion de toucher tous les publics», explique Agnès Jobin. Une manière d’aller chercher les gens là où ils sont, dans leur quotidien, alors qu’ils attendent le bus, avec des mots qui viennent les titiller. «Nous voulons interpeller les passants sur les mots, la langue», précise Françoise Vonlanthen. «On retrouve l’aspect magique des mots qui viennent réveiller l’imagination.» Et cette phrase, «Attends-moi mon amour», c’est le point de départ d’une histoire que tout le monde peut se raconter, une manière de faire partir chacun dans son imaginaire, suggère Agnès Jobin en souriant.
L’art foulé du pied fait partie des projets participatifs soutenus par la ville de Fribourg, rappelle Laurent Simon Vermot, chef du service des finances. La ville finance ce projet à hauteur de 8000 francs. «Ce montant comprend la réalisation du concept, la coordination, le matériel, l’impression», ajoute Laurent-Simon Vermot. Ce à quoi il faut encore ajouter la réalisation effective au sol par des employés de la ville.
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