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Canton

Quelles réactions à «balance ton prof»?

Instances cantonales, professeurs et parents réagissent aux accusations qui agitent le milieu scolaire fribourgeois


Texte et photos:  Sophie Gremaud

Texte et photos: Sophie Gremaud

4 février 2021 à 22:45

Temps de lecture : 1 min

Enseignement » Entre deux pics de coronavirus, c’est la vague #Metoo qui déferle sur le canton de Fribourg. A l’origine de la polémique, le témoignage d’une étudiante au Collège de Gambach relaté dans nos pages en début de semaine. Ayant choisi de renoncer au soutien-gorge, la jeune femme a été interpellée par un professeur jugeant sa tenue «inadéquate». Encouragées par cette confession anonyme, les langues se délient et une lumière crue est faite sur des comportements jugés déplacés et des propos inadéquats provenant du corps enseignant. Réactions des institutions scolaires, des professeurs et des parents d’élèves face à ce mouvement «Balance ton prof».

220 témoignages

Professeurs de diverses disciplines au Collège Saint-Michel, à Gambach, au Cycle d’orientation du Gibloux, au CO de la Glâne à Romont, ou encore à l’Eikon, etc. Tous font partie des enseignants pointés du doigt sur les réseaux sociaux. Depuis mardi, le Collectif de la grève féministe et des femmes de Fribourg récolte les plaintes des victimes et les publie ensuite anonymement sur son compte Instagram. La palette des accusations s’étend de remarques sexistes, en passant par des regards déplacés, des irruptions dans les vestiaires ou encore des mains baladeuses lors de soirées arrosées durant les voyages d’études. Tous les degrés scolaires sont concernés, y compris le primaire. «Nous avons recueilli plus de 220 témoignages en deux jours seulement. Ce qu’il se passe actuellement est quelque chose de très grave et de très vaste. Un grand nombre des personnes qui nous contactent n’étaient pas abonnées à notre compte auparavant. Nous ne sommes toutefois pas surprises, car nous l’avons toutes vécu. Nous avons toutes été confrontées à ce genre de situations durant notre parcours scolaire», rapporte Marie Spang. Membre du collectif, la jeune femme se dit révoltée et espère «entrer en dialogue avec les instances et faire bouger les lignes».

Pas d’impunité

Si une majorité des étudiantes importunées avaient gardé leurs histoires secrètes jusqu’à présent, d’autres affirment en avoir informé des directions peu réactives. Face à ces accusations, la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport (DICS) rétorque qu’il n’y a pas d’impunité au sein de ses établissements. Au contraire, la DICS condamne ces «mots inadéquats et comportements déplacés qui n’ont pas lieu d’être dans des écoles» et affirme que des mesures auraient été prises plus tôt si elle en avait eu écho.

«Nous sommes conscients qu’il faut du courage pour parler, mais la DICS ne peut pas intervenir si elle n’est pas informée», regrette Marianne Meyer Genilloud, secrétaire générale adjointe. En ce sens, elle invite les élèves à approcher de façon individuelle ou collective les médiateurs, psychologues et travailleurs sociaux des écoles. Dans un second temps, et si ces moyens ne suffisent pas, des plaintes peuvent être déposées contre les actes d’un enseignant ou d’une enseignante auprès de la direction.

«Chaque école dispose d’un règlement interne, d’une charte ou d’un document particulier qui évoquent les valeurs de l’école. Nous exigeons de l’ensemble du personnel enseignant un comportement irréprochable, car les enseignantes et les enseignants ont valeur de modèle pour les élèves», assure Marianne Meyer Genilloud. Elle ajoute qu’il est déjà arrivé que certains professeurs soient sanctionnés voire licenciés sans que les élèves ne le sachent.

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