Logo

Canton

Pieds sur terre, tête dans la politique

Membre du PDC et connu pour son franc-parler, Eric Chassot est le nouveau syndic d’Estavayer

Eric Chassot, syndic Photo Lib/Alain Wicht,Estavayer-le-Lac, le 25.02.2020Alain Wicht/Alain Wicht/La Liberté

 Lise-Marie Piller

Lise-Marie Piller

26 février 2020 à 22:28

Election » Ça y est, ça a fini par arriver. Pour la première fois de sa vie politique, ce roc, ce fonceur d’Eric Chassot a peur. Ou plus précisément, il s’avoue anxieux, ce qui fait tomber des nues jusqu’à son épouse Marie-Jo. L’habitant de Bussy se demande s’il sera à la hauteur, lui qui vient d’être élu syndic par ses pairs du Conseil communal d’Estavayer et qui entrera en fonction dimanche. Car il se retrouve à la tête d’un paquebot de 10’000 habitants. L’agriculteur de 51 ans sera le premier syndic à ne pas venir d’Estavayer-le-Lac mais d’un village. Tout un symbole.

Dans une salle feutrée de l’Hôtel de Ville d’Estavayer, Eric Chassot s’exprime d’un ton doux, presque timide cet après-midi pluvieux. Ses yeux se perdent souvent dans le vague. Pourtant l’habitant n’a rien du politicien passif. Il est tout le contraire de son prédécesseur André Losey, plutôt dans la réserve. Il faut le voir lors d’une séance de Conseil général. C’est un franc-tireur, qui adore être en première ligne. Des salves de critiques? Galvanisé, il contre-attaque par une argumentation implacable et quelque savoureuse formule choc. Car Eric Chassot fonctionne ainsi. Il a besoin d’un répondant pour se donner de l’assurance: «Si personne ne me contredit, je me demande ce qu’il se passe et si ce que je dis est juste? Peut-être que je me trompe?»

Il a une autre particularité: dans un monde où la langue de bois est reine, il appartient à l’espèce rare de ceux qui disent ce qu’ils pensent. Ce qui lui revient parfois en pleine figure, comme lorsqu’il avait critiqué publiquement le Plan directeur cantonal. Pas plus tard que la semaine passée, il s’est aussi fait tancer par des membres du législatif pour avoir dit à la presse que le contact entre les riverains de l’aérodrome et l’armée s’était étiolé.

Mariée avec la commune

Rien d’étonnant, donc, à ce que le Broyard soit parfois vu comme un dictateur ou un ambitieux. Il aurait aussi tendance à tout maîtriser sans vouloir déléguer, selon des observateurs. Eric Chassot se défend. Il dit qu’il est justement ouvert à la critique constructive, précise que sa carrière politique est avant tout due au hasard. Un peu comme sa profession d’agriculteur, choisie par bravade. Ecolier, il avait répliqué à une enseignante l’encourageant à travailler s’il voulait faire des études, qu’il serait agriculteur, na! Exit les métiers d’informaticien ou d’électronicien, deux rêves d’enfance.

«Si personne ne me contredit, je me demande ce qu’il se passe»

Eric Chassot

Mais revenons à la politique. Eric Chassot raconte son histoire avec des phrases courtes et précises, ne mâche parfois pas ses mots avant de sourire, comme pour s’excuser. Il accède à l’Exécutif de Bussy lors d’une élection complémentaire, «un peu par accident car le Conseil communal cherchait désespérément quelqu’un». Il veut s’occuper l’esprit alors il se lance. Rebelote pour la syndicature en 2001: «Je pensais que le poste intéressait mon collègue Denis Chassot mais il m’a dit: «Vas-y toi, tu as du temps.» Tant mieux car l’élu s’est découvert une passion dévorante pour la chose publique. Comme il le résume en plaisantant, son épouse «s’est mariée avec la commune».

Son caractère persévérant, sa facilité oratoire l’aident. Il apprend sur le tas et met un point d’honneur à connaître ses dossiers sur le bout des doigts. Ce qui l’occupe jour comme nuit, étant donné sa nature de petit dormeur. Un gros somme correspond pour lui à 4 heures. Et s’il a besoin de souffler? Eric Chassot délaisse sa cuirasse d’élu et devient poète: il contemple la nature, les étoiles. «Ce que j’adore vraiment, c’est la pluie. Mais la pluie sans vent. Tiens, là, si je n’avais rien à faire, je la regarderais tomber», confie-t-il à mi-voix. Et d’ajouter plus tard par téléphone: «Ma femme me rappelle de dire que j’aime aussi écouter la musique de Yann Tiersen.»

Crève-cœur d’IKEA

A Bussy, Eric Chassot se fait connaître comme cheville ouvrière du cadastre du bruit, règlement concernant le nombre de mouvements sur l’aérodrome de Payerne. Puis subit en 2013 le crève-cœur d’IKEA, qu’il s’était battu pour attirer à Bussy, ce qui aurait créé 400 emplois. Le géant suédois renonce à s’implanter après un préavis défavorable du canton lors d’une demande préalable. Le Broyard est ensuite un fervent partisan de la fusion d’Estavayer et intègre l’exécutif la nouvelle commune. Il se plonge avec plaisir dans son dicastère de l’aménagement du territoire, réintègre le PDC, dont il avait fait partie, avant de se porter candidat à la syndicature. «Car j’aime sortir de ma zone de confort.»

Reste le revers de la médaille. Au fil des années, Eric Chassot quitte les sociétés locales dont il fait partie et range son tambour. Il arrête le bétail, embauche des employés temporaires, tandis que son épouse gère l’administration de la ferme («Je lui dois une fière chandelle!»). Pour assumer les 60% de la syndicature, il pourra compter sur deux collègues agriculteurs. Et la suite? «Ma vie est un grand hasard, mais je vais déjà me préparer à devenir grand-papa, ce dont je suis fier!»

Bio express

29 janvier 1969Naissance à Estavayer-le-Lac.

1990Conseiller communal à Bussy.

1991Mariage avec Marie-Jo.

1993, 1995 et 1998Naissance de ses enfants Dylan, Magaly et Estelle.

2001-2016Syndic de Bussy.

2001-2009Membre du Parti démocrate-chrétien (PDC).

2017Conseiller communal à Estavayer avant d’être élu syndic ce mois de février.

2019Membre du PDC Estavayer.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus