12 mai 2020 à 04:01
Lettre à nos aînés
Ma très chère Jacqueline, en ces temps difficiles, l’envie de revenir à l’essentiel m’est apparue forte et intense. C’est pourquoi je prends le temps de vous écrire ces quelques mots. Imaginez le bonheur que je ressens au moment où ma plume frôle la douceur du papier fraîchement acquis. Quel plaisir de retrouver cette amie qui m’a tant accompagné sur les chemins de ma vie. A nouveau, ma main parcourt cette vaste étendue blanche, libre d’imaginer, de créer.
Notre dernier échange m’a beaucoup touché. Votre amour de la vie me réconforte alors que le monde semble s’être éteint le temps de cette pandémie qui plonge l’humanité dans la peur. Je me rappelle le temps où vous étiez assise à votre bureau, ou droite devant le tableau noir, recouvert de grosses lettres écrites à la craie. Je me souviens de vos lunettes rondes qui entouraient vos yeux attentifs, votre chevelure ondulée et dorée. Moi, élève souvent perturbateur, derrière mon pupitre gorgé de livres scolaires, que ma mère avait pris grand soin d’envelopper dans de belles fourres cartonnées. Je me souviens surtout de cette passion avec laquelle vous meniez votre travail.
Nos routes se sont à nouveau croisées un jour d’automne. Lorsque nous nous sommes parlé au téléphone, la première fois depuis 15 ans, quelle ne fut pas ma surprise de constater que vous aviez instantanément reconnu ma voix. Autour d’un café et d’une petite douceur sucrée, nous nous étions ensuite revus, deux adultes parlant avec émotion de leur chemin de vie respectif et de leurs souvenirs communs.
Aujourd’hui, confinement oblige, nous sommes contraints de nous retrouver par le biais de la correspondance. Mais pourquoi l’écriture serait-elle une contrainte? Au contraire, elle possède en elle le pouvoir d’exprimer davantage d’émotions. Au travers de nos échanges, je suis ravi de constater que vous ne manquez pas de ressources pour vous occuper et que vos journées se passent au mieux. Qu’importe la morosité ambiante, nous poursuivons notre rituel avec ces mots qui nous servent à partager nos joies et nos peines en ces temps incertains.
Chère Jacqueline, je vous embrasse tendrement. Surtout ne perdez jamais cette profonde sagesse qui m’inspire à chaque instant. Douces et affectueuses pensées!
Fabian Grognuz Lecteur, Echallens
» Cette opération de solidarité est lancée de concert avec d’autres quotidiens régionaux de Suisse romande: Le Quotidien Jurassien dans le Jura, Arcinfo à Neuchâtel, Le Journal du Jura (Berne francophone) et Le Nouvelliste, en Valais. La Côte, basée à Nyon, et le magazine Générations se sont également joints au mouvement.
Mais la solidarité ne se confine évidemment pas aux seules rédactions. C’est pourquoi nous vous lançons un appel, à vous, chers lecteurs: écrivez vous aussi votre lettre à nos aînés et faites-nous la parvenir par courriel à l’adresse suivante: redaction@laliberte.ch. Nous publierons les plus belles dans nos prochaines éditions.
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