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Canton

Le vert qui vient de l’économie

Gerhard Andrey est élu au Conseil national. L’entrepreneur vert a défié tous les pronostics en éjectant l’UDC Jean-François Rime. Grâce à la PDC Marie-France Roth Pasquier, les femmes deviennent majoritaires


 Stéphanie Buchs

Stéphanie Buchs

21 octobre 2019 à 04:25

Vague verte » «C’est incroyable!» Gerhard Andrey s’étonne du résultat impressionnant qu’il vient d’obtenir lors de son élection au Conseil national: il a récolté 14 417 voix. Ne pouvant compter sur aucun mandat politique, le poulain des Verts fribourgeois vient de réussir une performance défiant tout pronostic. Vice-président des Verts suisses, cet entrepreneur âgé de 43 ans est cofondateur d’une entreprise active dans le développement de solutions pour internet qui emploie plus de 180 collaborateurs.

«Nous avons réussi à réaliser le scénario idéal, même si c’était le plus difficile: garder les deux sièges socialistes et en gagner un pour les Verts», se réjouit-il, alors qu’il vient juste d’apprendre que la socialiste Ursula Schneider Schüttel sauve sa place.

Une ovation

A 17 h 47, lorsque Gerhard Andrey entre dans le hall de l’Université de Miséricorde où les politiciens, les médias et tous les Fribourgeois étaient invités à suivre les résultats, c’est l’ovation! Visiblement ému, il a juste le temps d’étreindre chaleureusement sa compagne sous le feu des projecteurs avant de répondre aux sollicitations des médias, jonglant habilement entre le français et l’allemand.

Se passer du pétrole

Quelle va être sa priorité à Berne? «La sortie du pétrole, c’est le plus important. La transition énergétique des marchés financiers est également incontournable, et je dispose d’une certaine expertise dans ce domaine.» Il insiste sur le fait que «les marchés financiers ne sont pas du tout orientés vers la durabilité». «Et il ne faut pas croire que devenir durable signifie perdre de la qualité de vie!»

Père de deux enfants, Gerhard Andrey se dit également très sensible à la conciliation de la vie de famille et de l’ activité professionnelle: «On doit pouvoir faire mieux que maintenant.»

Et comment explique-t-il son résultat? «Cette vague verte a beaucoup compté, et on avait une liste forte», estime-t-il. Sa colistière Mirjam Ballmer complète: «On était vraiment une très bonne équipe!»

Profil hors sérail

Même si le gagnant du jour imagine que «ce ne doit pas être humainement facile pour Jean-François Rime, qui n’est pas réélu», il est heureux d’avoir contribué à faire reculer l’UDC.

Les écologistes fribourgeois étaient donc aux anges hier. A commencer par leur président Bruno Marmier: «Nous ne nous attendions pas à un tel succès, nous avons fait du bon travail.»

Julien Vuilleumier, vice-président des Verts de la ville de Fribourg, complète: «Ce qui est surprenant, c’est d’obtenir 14% à Grolley, par exemple.» Les écologistes fribourgeois ne sont en effet pas habitués à mobiliser autant d’électeurs en dehors des centres urbains. La députée Christa Mutter précise: «Le parti fribourgeois profite de tout le travail effectué par les jeunes pour le climat. Mais ce n’est pas le seul argument.»

Bruno Marmier se réjouit d’avoir misé sur le bon candidat: «Comme il ne pouvait pas compter sur un mandat politique pour se faire connaître, nous avons décidé de le lancer dans la course au Conseil des Etats. C’était un très bon moyen de montrer ses qualités.» Et d’ajouter: «Il avait envie de se lancer, et son profil «hors sérail» a peut-être été sa force.»

Le parcours de Gerhard Andrey est en effet atypique: avec une formation de base de menuisier, il est devenu ingénieur du bois, a complété son cursus par un master en informatique. Enfin, il a cofondé la société Liip qui fonctionne sans hiérarchie verticale, redistribuant le pouvoir décisionnel entre les employés.

«Entrepreneur innovant»

Membre du comité cantonal et ancien député vert, Laurent Thévoz abonde: «Ce n’est pas tous les jours qu’un entrepreneur de cette qualité est d’accord de s’engager en politique. Et la société a besoin de son expérience dans la manière innovante d’organiser son entreprise.»

Collègue de parti de longue date, lui aussi ancien député, s’enthousiasme Olivier Suter: «Son élection est une bonne chose pour le canton et pour la planète! On a besoin de plus d’égalité et de solidarité.»

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