Le vélo reste à petite vitesse
De peu, le Grand Conseil refuse d’allouer davantage de fonds pour le réseau cyclable
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24 mai 2019 à 01:23
Grand Conseil » «Lors de mes trajets à vélo en ville de Fribourg, je risque plusieurs fois ma vie. Mais j’ai de la chance. J’habite à Bourguillon, il y a la Vierge noire.» Ce jeudi matin, ces mots ne venaient pas de l’aile gauche du Grand Conseil. Mais bien de Jean-Daniel Schumacher (plr, Fribourg-Ville), un «utilisateur du réseau cyclable utilitaire» qui ne souhaite plus s’en remettre aux cieux pour pédaler en toute sécurité dans le canton.
La sécurité. C’est bien elle qui a dominé les débats autour d’une motion de novembre 2016 demandant la création d’un «fonds vélo» de 20 millions de francs destiné à un financement accru des travaux d’aménagement d’infrastructures pour cyclistes. Elle demandait également la mise à disposition d’au moins un poste à temps plein pour la bonne mise en œuvre du plan sectoriel vélo, créé en 2013 et mis à jour récemment.
Pour rappel, ce dernier vise une augmentation sensible des voies cyclables sur les routes cantonales (de 88 km aujourd’hui à 365 km sur les 640 km que compte le canton) en priorisant l’agglomération et la Transagglo (entre Avry et Guin via notamment Villars-sur-Glâne, Fribourg et Granges-Paccot).
Canton à la traîne
Mais les motionnaires entendent mettre davantage de pression sur les autorités. A l’Hôtel cantonal ce jeudi, d’aucuns ont évoqué «l’annexe de l’enfer» que serait la gare de Fribourg ou la peur des parents de mettre leurs enfants sur un vélo. Ou encore la nécessité de monter parfois sur le trottoir pour se protéger des véhicules motorisés, poussant malgré eux les cyclistes dans l’illégalité. Sans oublier qu’une majorité des députés et le Conseil d’Etat considèrent que le canton est à la traîne en matière d’infrastructures en faveur des cyclistes avec en tête les exemples bernois ou nordiques. Mais rien n’y a fait.
I want to ride my bicycle/I want to ride my bike: même la chanson de Queen entonnée les bras ouverts par Marc-Antoine Gamba (pdc, Fribourg-Ville), auteur de la motion avec Laurent Thévoz (verts, Fribourg-Ville, remplacé l’an dernier par Mirjam Ballmer) n’aura pas permis de trouver une majorité. Mais de peu.
Au vote, les députés ont rejeté la motion par 43 voix contre 41 (une abstention). Un résultat serré qui témoigne d’une sensibilité accrue de la droite pour la mobilité douce. Le tout dans un contexte où les questions climatiques sont au centre des débats politiques et citoyens. En toile de fond également, l’augmentation du nombre de vélos – classiques ou électriques – dans le canton et la volonté de voir le décor fribourgeois devenir un centre touristique pour la petite reine.
Plus de 150 millions pour le vélo
Accusé de manque d’ambition et d’attentisme, Jean-François Steiert a répété la stratégie gouvernementale en matière de mobilité, évoquant notamment les huit millions de francs pris dans le fonds d’infrastructure pour la mobilité douce. «Mais le montant global pour la réalisation du plan sectoriel vélo a été évalué à plus de 150 millions de francs sur une vingtaine d’années», a insisté le directeur de l’Aménagement, de l’environnement et des constructions. Et d’ajouter qu’une équipe de deux personnes a déjà été mise sur pied pour veiller au bon avancement du plan.
Surtout, Jean-François Steiert a justifié les difficultés d’avancer rapidement avec cette stratégie par le manque de ressources humaines compétentes. «Le principal frein au développement est tout bête: si je mets au concours deux postes d’ingénieur routier, nous n’avons qu’une postulation. Ça ne sert donc à rien d’avoir de l’argent si nous n’avons pas les personnes…»
Et de conclure: «Globalement, les positions du Grand Conseil et du Conseil d’Etat ne sont pas si éloignées. Nous souhaitons tous développer de manière importante le réseau cyclable. Aussi pour décharger d’autres utilisations modales. Dans ce sens, que le Grand Conseil soit pour ou contre aura un impact essentiellement symbolique.»
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