Le bénéfice de l’Etat aiguise l’appétit
Le Grand Conseil fribourgeois décortique les comptes 2018 en pensant à la réforme fiscale
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Magalie Goumaz
22 mai 2019 à 04:01
Finances publiques » Hier au Grand Conseil, les députés ont jeté des brassées de fleurs au conseiller d’Etat Georges Godel, directeur des Finances. Il faut dire que les comptes 2018 sont florissants. Ils présentent un bénéfice de 1,7 million après des attributions à différents fonds et provisions pour un montant de 69,1 millions. «Il faudrait être d’une mauvaise foi crasse pour ne pas reconnaître que les finances de l’Etat sont saines», lance Claude Chassot (verts centre gauche, Villarsel-le-Gibloux).
De quoi envisager la réforme fiscale avec sérénité. Dimanche dernier, les citoyens suisses ont accepté la loi-cadre, qui abolit les statuts spéciaux dont bénéficient certaines entreprises. Fin juin, les Fribourgeois seront appelés à se prononcer sur le volet fribourgeois. Le projet cantonal prévoit de remplacer les statuts spéciaux par l’application d’un taux unique d’imposition sur le bénéfice. Il s’élèvera à 13,72% pour toutes les entreprises, contre 19,86% aujourd’hui pour les entreprises ordinaires. Des compensations sont prévues en faveur de la population et des communes.
«L’Etat a les moyens de sa réforme fiscale», assure Stéphane Peiry (udc, Fribourg) au nom de la Commission des finances et de gestion. Le député relève la hausse l’an dernier des entrées fiscales des entreprises, preuve de leur bonne santé. Et les résultats positifs des comptes 2018 de l’Etat de Fribourg permettent d’ajouter 15 millions au fonds spécial constitué pour affronter les effets de la réforme fiscale, dont le montant global s’élève dorénavant à 83 millions de francs. Pour Georges Godel, «cela démontre qu’il n’y a rien à craindre de la réforme fiscale».
Roses et cactus
Reste qu’au rayon horticole, il y a aussi des cactus. De nombreux députés ont demandé hier au Conseil d’Etat de desserrer les cordons de la bourse. A droite, des voix s’élèvent déjà pour demander des baisses d’impôts pour les personnes physiques. A titre personnel, Yvan Hunziker (plr, Semsales) estime que le montant placé dans des réserves est «à la limite de l’indécence». Il se montre inquiet pour le pouvoir d’achat des ménages. «N’attendons pas que des gilets jaunes descendent dans nos rues», avertit-il. Le Veveysan propose à l’Etat de prendre exemple sur la commune de Granges, qui rend à ses citoyens les surplus encaissés en 2018.
Chef du groupe UDC, Emanuel Waeber (Heitenried) annonce en aparté que son parti réfléchit actuellement au meilleur moyen de soulager l’imposition des personnes physiques, et plus spécialement la classe moyenne et les retraités. «L’UDC agira soit par la voie parlementaire, soit en lançant une initiative populaire», indique Emanuel Waeber.
Rendez-vous en 2021
La droite n’est pas unie derrière cette idée. Au nom du PDC, Hubert Dafflon (Grolley) en convient: «Le résultat de 2018 est aussi la preuve que les Fribourgeois paient trop d’impôts. Mais nous analyserons d’abord les effets de la réforme fiscale et interviendrons à ce propos lors de la prochaine législature», assure-t-il.
A gauche, les députés réclament plutôt des engagements supplémentaires. Benoît Piller (ps, Avry) plaide pour une aide accrue en faveur de l’assainissement de la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat et pour une meilleure répartition des richesses au profit des familles à bas revenus, des personnes handicapées, des personnes âgées. Il note que les revenus découlant de l’imposition des personnes physiques sont moindres que prévu au budget, malgré la croissance démographique. Un signal inquiétant, selon lui.
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