La 5G divise les élus dans la Glâne
Criblées d’oppositions, les installations à l’enquête mettent des élus communaux dans l’embarras
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Stéphane Sanchez
28 juin 2020 à 21:42
Friture » Foison d’oppositions à la téléphonie mobile en Glâne. La pandémie n’a pas interrompu les mises à l’enquête, pas plus qu’elle n’a muselé ceux qui, dans le district, dénoncent une technologie 5G inutile et dangereuse. Dans leur collimateur: des élus parfois partagés.
Ursy Swisscom a traité avec Philippe Demierre, député UDC et membre du Conseil communal d’Ursy, pour l’installation d’une antenne 5G sur l’une de ses parcelles, à Esmonts. Résultat de la mise à l’enquête, lancée le 20 mars: plus de 140 signataires s’opposent collectivement ou individuellement au projet.
«Cette antenne répondrait à la demande de nombreux villageois et des automobilistes qui empruntent la route cantonale entre Ursy et Siviriez – où il n’y a pas de réseau. Cela fait des années que la commune essaie de résoudre ce problème», explique Philippe Demierre, qui compte verser le revenu de l’installation à des sociétés.
La commune n’a pas encore préavisé le dossier et le syndic, Philippe Conus, ne présage rien, tant le débat est «sensible». Pour Philippe Demierre, qui s’est récusé, «aucune étude ne démontre que les antennes 3, 4 et 5G sont néfastes pour la santé. Par contre, la 5G peut favoriser l’essor et l’économie de la région.» L’élu pourrait-il renoncer au projet? «Oui, pour garder des rapports de bon voisinage. Mais je veux mener la procédure jusqu’au bout, afin de savoir ce que décidera l’autorité.»
Mézières Le syndic Jean-Claude Raemy est aussi dans la tourmente. Le Conseil de paroisse, qu’il préside, a validé en 2018 l’implantation de la 5G dans le clocher. «Le loyer couvrait les frais d’entretien de l’église durant 10 ans. A l’époque on ne parlait pas de problème de santé. Mais dès la mise à l’enquête (le 29 mai dernier, ndlr), j’ai incité les citoyens à faire opposition.»
Avec l’apport du collectif anti-5G glânois, ce sont 400 opposants, dont 250 villageois, qui sont montés aux barricades. «J’ai signé le préavis défavorable de la commune», note le syndic. «L’antenne est près de l’école. La paroisse s’y oppose aussi. Le chœur mixte ne chantera pas sous cette antenne.» Le président de paroisse cherche aussi à faire annuler l’accord entre la paroisse et Swisscom, pour vice de forme: «Il ne répond pas aux directives de la corporation ecclésiastique et n’a pas été soumis à l’assemblée de paroisse.»
Romont Une antenne à la tour à Boyer? Le projet a suscité 32 oppositions, dont une signée par 227 personnes. «Nous l’entendons: il y a débat sur l’impact sanitaire», réagit Marc Menoud, conseiller communal chargé de l’aménagement. «Mais nous avons préavisé favorablement, malgré cette inconnue. L’exécutif fait confiance à Swisscom, qui doit tenir compte de la santé publique. La téléphonie est aussi un besoin sociétal essentiel. Nous nous devons de porter ce développement, même si nous ne sommes pas à l’aise.»
« Nous n’avons aucun souci à nous faire. »
Pierre-André Page
Vendredi dernier, Swisscom mettait à l’enquête de nouvelles antennes 3, 4 et 5G sur un bâtiment de la Landi de Romont, coopérative présidée par le conseiller national UDC Pierre-André Page. «Le comité a été unanime, explique-t-il. J’ai beaucoup parlé avec Swisscom. Il n’y a pas d’étude prouvant que ces émissions sont néfastes. Et les normes suisses sont les plus sévères en Europe. Nous n’avons aucun souci à nous faire. Il faut aller de l’avant. On essaie d’ailleurs de développer cette technologie pour l’agriculture, notamment pour réduire l’usage de pesticides, dans l’intérêt du consommateur.»
Siviriez Deux antennes (à Chavannes-les-Forts et près d’un tunnel ferroviaire, à Prez-vers-Siviriez) ont soulevé une vague d’oppositions (près de 600 signatures en tout, pour une part hors périmètre). «Nous avons émis un préavis défavorable, en raison des nuisances immatérielles. Nous appliquons le principe de précaution», explique le conseiller communal Paul Maillard, conscient aussi de la portée économique de cette technologie.
Préfecture Willy Schorderet sera amené à délivrer (ou pas) les permis: «A titre personnel, j’aimerais que l’on puisse donner des réponses claires: soit rassurer, soit imposer un moratoire, tant que la question de l’impact sur la santé n’est pas réglée, confie le magistrat glânois. Mais en tant que préfet, je devrai m’en tenir au préavis des services concernés. J’imagine qu’il y aura des recours et que les tribunaux statueront. Ce sera intéressant.»
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