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Canton

«Il faut savoir laisser la place»

Le préfet glânois Willy Schorderet quittera ses fonctions en janvier, à presque 65 ans

«Vous rentrez dans le rang. C’est servir et disparaître», redoute Willy Schorderet, qui dit se préparer.

 Stéphane Sanchez

Stéphane Sanchez

15 juin 2023 à 04:01

Glâne » Willy Schorderet assurait ne pas être éternel, au seuil de sa dernière élection en novembre 2021. Et en effet, le préfet de la Glâne mettra un terme à son mandat à la mi-législature, plus exactement le 31 janvier 2024. «J’aurai 65 ans en mars prochain», justifiait le magistrat du Centre hier devant la presse. «J’ai toujours été assez dur avec les politiciens qui, à l’âge de la retraite, n’arrivent pas à lâcher. Il faut savoir laisser la place à des forces nouvelles, à une autre dynamique. L’avenir doit se construire par et à travers les jeunes.»

«C’était certainement la décision la plus difficile que j’ai prise», confie le Glânois, visiblement ému. Le mot «peur» revient sur ses lèvres: «Vous êtes sur le devant de la scène, sur tous les fronts, en leader. Et du jour au lendemain, vous rentrez dans le rang. C’est servir et disparaître. Mais cela se prépare», dit-il, en précisant qu’il se tiendra à disposition, prêt à partager son expérience. «Je ne vais pas m’imposer.»

Discrètement prémédité

Cette décision tient aussi compte de l’agenda politique. Avec la Chancellerie, Willy Schorderet a retenu la date des élections fédérales du 22 octobre prochain. Ce sera aussi la date de l’élection complémentaire à la préfecture. Le préfet sortant pourra dès lors accompagner durant un mois son successeur (homme ou femme), qui entrera en fonction le 1er février. «Cela laisse quelques semaines aux partis pour s’organiser» avant le dépôt de liste, le 11 septembre.

Pas de discussion préalable avec Le Centre glânois? «Je ne voulais pas faire de calcul, ou devenir dépendant de quelqu’un ou de quelque chose. Et je ne voulais pas non plus laisser courir des bruits. Même mes collaboratrices ont été informées hier matin (mardi, ndlr)», assure Willy Schorderet, qui discute de ce retrait depuis «trois ou quatre mois» avec sa famille. Il n’a contacté que mardi soir Laetitia Reynaud, présidente du Centre glânois, ainsi que Didier Castella, président du Conseil d’Etat, avant de se tourner hier vers les conseillers d’Etat glânois Philippe Demierre et Romain Collaud.

Le préfet n’ignore pas que des dossiers sont sur le feu. Il évoque la rénovation du cycle d’orientation ou la construction du nouvel EMS de Siviriez. «Mais je pense que c’est le bon moment. Finalement, est-il mieux de faire une année «de pas assez» ou une année «de trop»?»

«Il n’y a pas d’événement qui m’a fait dire: J’en ai marre», ajoute Willy Schorderet, qui aura passé près de vingt-six ans au château de Romont, dont plus de douze comme lieutenant de préfet. Il souligne au contraire sa motivation: «J’ai toujours eu beaucoup de plaisir et de passion dans cette fonction. Si vous avez cette envie, elle est extraordinaire!»

Le style Schorderet

Le préfet évoque bien sûr «des décisions difficiles», «des nuits blanches», mais esquisse un premier bilan où figurent des réalisations qui touchent toutes les couches de la population glânoise. Comme les EMS de Vuisternens-devant-Romont et bientôt Siviriez, le centre culturel et sportif Epicentre et la rénovation du Cycle d’orientation de la Glâne, le subventionnement harmonisé de l’accueil de la petite enfance, le centre de santé ou le Plan directeur régional. Autant de projet menés en équipe, note le préfet, qui remercie tous azimuts. Seul soupir: «J’aurais aimé qu’on aille plus vite avec les fusions de communes, mais la volonté doit venir de la base.»

Plus qu’un bilan, c’est une manière d’exercer la fonction de préfet que défend Willy Schorderet, incontesté dès sa première élection (tacite) à l’automne 2010. Le profil que son (ou sa) successeur devra aussi incarner: «Il faut aimer les gens et être prêt à aller chez eux pour leur expliquer une décision. C’est primordial. Un préfet doit décider sans traîner. Et il doit aimer le contact avec les communes», souligne l’ancien syndic de Massonnens.

«Ce n’est pas le préfet d’un parti, mais le préfet de toute une région. Il doit être leader et lancer ou participer à des projets, y compris avec des PME. Bref, il doit être sur le terrain. On n’a pas besoin d’un préfet fonctionnaire ou juriste, derrière son bureau», estime Willy Schorderet, tout en saluant l’équipe administrative (4,2 EPT) «exceptionnelle» et les lieutenants successifs, sur lesquels il a pu s’appuyer.

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