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Canton

Encore une volée de bois vert

Après un nouveau débat nourri, le Grand Conseil plébiscite la remise en fonction de la pisciculture

Une étude est en cours pour mieux appréhender l’efficacité de l’alevinage sur le repeuplement des lacs.

 Magalie Goumaz

Magalie Goumaz

4 novembre 2021 à 02:01

Estavayer » Décidément. Cette pisciculture d’Estavayer les rend chèvre. Hier matin, les députés ont fait le forcing pour imposer la remise en fonction des installations. Ils ont accepté la motion populaire déposée par un collectif de citoyens avec un score sans appel de 87 voix contre 10 et 9 abstentions.

Mais le sujet a à nouveau mis le feu au lac en raison de la position ambiguë du Conseil d’Etat. Dans sa réponse écrite de près de six pages, il appelle le Grand Conseil à accepter la remise en état de la pisciculture. Mais il explique surtout pourquoi c’est une très mauvaise idée de s’obstiner. Il propose de mettre en place une organisation de projet, laquelle sera également chargée d’examiner en parallèle les éventuelles solutions de réaffectation.

«Votre réponse laisse transpirer votre désamour pour cette pisciculture», lâche la centriste Anne Meyer Loetscher (Estavayer). «Elle me laisse sans voix», renchérit Rose-Marie Rodriguez (ps, Estavayer). «Nous ne voulons pas de réaffectation mais de production d’alevins», lance pour sa part Jean-Daniel Chardonnens (udc, Fétigny), qui exige une réponse «simple et limpide». Benoît Piller (ps, Avry) n’y est pas allé par quatre chemins. «Au pire, je pourrais accepter une réaffectation en musée de l’incompétence», déclare-t-il. «Allez acheter de nouveaux tuyaux pour mettre cette pisciculture en marche», ajoute Ruedi Schläfli (udc, Corminbœuf).

Ecouter les motionnaires

Pour Nadia Savary-Moser (plr, Vesin), le Conseil d’Etat «ne doit pas jouer sur les mots mais écouter les motionnaires». Elle lui reproche de vouloir «jouer la montre». Eric Collomb (Lully) parle aussi d’«un manque de considération crasse vis-à-vis des motionnaires». De plus, le député centriste ne veut plus entendre parler d’une organisation de projet. «Nous ne voulons plus d’études, nous voulons une réalisation», martèle-t-il. L’indépendant Cédric Péclard (Aumont) réclame aussi que le Grand Conseil soit saisi d’une demande de crédit dans les plus brefs délais. «Le monde de la pêche veut garder à juste titre la maîtrise du repeuplement», dit-il, tout en rappelant que l’ancienne pisciculture a été démantelée alors qu’elle fonctionnait.

Pour rappel, la nouvelle pisciculture d’Estavayer souffre de graves défauts la rendant inexploitable. Inaugurée en 2016, elle n’a jamais fonctionné en raison d’une série de manquements, de négligences et de problèmes dans la conduite du projet. Si bien que dans un premier temps, le Conseil d’Etat préconisait de tirer définitivement la prise plutôt que d’investir encore 1,5 million de francs pour la remise en état d’installations qui ont déjà coûté plus de deux millions.

C’était compter sans la colère des Broyards, relayée notamment par leurs représentants au Grand Conseil. Une commission d’enquête parlementaire a été créée. Elle a rendu en septembre dernier un rapport analysant dans les détails la chaîne des responsabilités et préconise aussi la remise en fonction de l’installation.

Une minorité du Grand Conseil estime pourtant qu’il est «urgent d’attendre». C’est le cas de Paola Ghielmini Krayenbühl (v-cg, Corpataux), qui rappelle qu’une étude est en cours pour mieux appréhender l’efficacité de l’alevinage sur le repeuplement des lacs. Un avis partagé par la socialiste Christel Berset (Fribourg), qui mentionne que l’alevinage ne vaut que si la reproduction naturelle ne suffit pas. Il ne doit pas servir à produire de la nourriture pour les plus gros poissons et les cormorans, estime-t-elle.

Reproduction naturelle

L’étude en question est attendue en 2023, annonce le conseiller d’Etat Didier Castella. Le ministre rappelle aussi que la priorité aujourd’hui est plutôt de favoriser la reproduction naturelle. Mais harcelé par les députés, il a fini par les assurer que c’est bien un projet d’assainissement pour la mise en service de la production d’alevins qui leur sera présenté.

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