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Les lettres à nos aînés

Donnez-nous la force d’être patients


27 mai 2020 à 04:01

Lettre à nos aînés » Chers aimés, la situation sanitaire s’est enfin améliorée. Il était temps, car les journées commençaient à péniblement se ressembler… Mais pour vous, chers aimés, le temps a une tout autre dimension. Rappelez-vous à quel point vous saviez l’utiliser à bon escient.

Lorsque les coutures d’un vêtement montraient des signes de faiblesse, vous preniez le temps de les raccommoder. Un achat, c’était un acte réfléchi car un objet devait durer et, pour qu’il y parvienne, il était de votre devoir d’en prendre soin. Au fil du temps, il se gorgeait d’histoire, de souvenirs que vous aviez plaisir à conter aux plus jeunes.

Chacun de nous se souvient des bons petits plats concoctés par grand-maman dont elle seule détenait le secret. Chaque repas demandait savoir-faire et patience, autant dans la préparation que dans la cuisson.

Or la patience est une qualité qui tend à s’amenuiser. Il y a bien longtemps, lorsque l’on doutait de la route à prendre, il fallait penser à emporter une carte avec soi et savoir s’y repérer. Lorsque vous aviez envie de nouvelles de votre amoureux, il ne vous restait qu’à espérer qu’il se trouve à proximité de son téléphone fixe, sinon l’attente de sa prochaine lettre manuscrite s’imposait à vous. Mais lorsque cette lettre, à la calligraphie d’une délicatesse sans égale, arrivait enfin, vous ne regrettiez pas d’avoir attendu tant elle savait mettre des étoiles dans vos yeux. Et les bals, comment oublier les bals? Ils marquaient le début de bon nombre d’histoires d’amour, et la magie qui s’en dégageait comblait l’âpreté de l’attente qui les avait précédés.

La patience appelait à la tolérance. Ainsi, lorsque votre coup de cœur n’était pas au rendez-vous à l’heure convenue, tous les scénarios s’ouvraient à vous, faute de téléphone portable pour vous avertir d’un contretemps. Le cœur battait ainsi à un tout autre rythme et l’imagination, stimulée par l’attente et le doute, faisait partie du quotidien.

Chers aimés, nous avons beaucoup à apprendre de vous. En cette période de réjouissance encore précaire, vous devenez de véritables exemples à suivre. Soyons patients, ne précipitons rien afin de ne pas donner un nouvel élan à ce virus. Donnez-nous la force d’être raisonnables comme vous savez si bien le faire. De notre côté, nous continuerons à nous montrer présents, car la technologie ne constitue qu’une pâle alternative au contact humain que vous chérissez. Ne vous inquiétez pas, nous serons là pour vous… Affectueusement.

Noémie Pasquier Lectrice, Lentigny


» Cette opération de solidarité est lancée de concert avec d’autres quotidiens régionaux de Suisse romande: Le Quotidien Jurassien dans le Jura, Arcinfo à Neuchâtel, Le Journal du Jura (Berne francophone) et Le Nouvelliste, en Valais. La Côte, basée à Nyon, et le magazine Générations se sont également joints au mouvement.

Mais la solidarité ne se confine évidemment pas aux seules rédactions. C’est pourquoi nous vous lançons un appel, à vous, chers lecteurs: écrivez vous aussi votre lettre à nos aînés et faites-nous la parvenir par courriel à l’adresse suivante: redaction@laliberte.ch. Nous publierons les plus belles dans nos prochaines éditions.

 

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