Entre l’apéritif et le dessert, les débats enflammés peuvent rapidement embraser quelques tensions sous-jacentes. Une experte en communication non violente partage ses astuces.
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Aujourd’hui à 08:24
Autour de la table de Noël, on essaie de les éviter mais on y échappe difficilement. Les discussions clivantes arrivent toujours à se frayer un passage: vous racontez votre galère de transports publics lors de l’épisode neigeux de novembre. Votre frère rebondit sur le trente à l’heure pour mieux pouvoir évoquer les cyclistes, les écolos et les wokistes. Votre nièce trouve alors le moyen d’aborder le plan éolien et l’inaction climatique.
De fil en aiguille, on en arrive au gagnant de l’Eurovision 2024, et là ça part en roue libre. Finalement, peu importe l’opinion, la dinde aura un goût amer, sans parler du foie gras qui risque aussi de faire polémique.
Il y a peut-être mieux à faire. Accompagnatrice en communication non violente au Pays-d’Enhaut, Caroline Gabi nous livre quelques conseils pour passer les fêtes en douceur.
« Pour se sortir d’une discussion interminable, l’excuse de la vaisselle fonctionne pour s’éclipser »
Caroline Gabi: Avant de se rendre à une réunion de famille, je propose de vous demander pourquoi vous y allez. Il est primordial de se souvenir qu’on a le droit de préserver son temps et son énergie et de refuser d’y participer. Parfois, ce n’est pas si simple. On peut alors par exemple décider d’y aller pour faire plaisir à notre grand-mère ou pour revoir notre cousine. Ainsi, une fois sur place, on se concentre en priorité sur notre relation avec cette personne. Clarifier son intention permet de retrouver un sentiment de liberté. Désamorcer les dynamiques familiales peut aussi s’avérer utile.
A Noël, on rejoue souvent la même partition et vingt ans plus tard on se retrouve dans le rôle de la même petite-cousine, ce qui peut raviver des tensions. Pour essayer de casser ces schémas, il est utile de bousculer les habitudes. Demander à chaque invité de raconter un moment joyeux de son année ou proposer un jeu en début de soirée peut contribuer à instaurer une atmosphère légère.
En écoute active, on considère que derrière chaque coup de gueule ou opinion, la personne parle d’elle en réalité. L’idée est de ne pas écouter seulement le discours mais d’identifier le besoin qu’il cache. Dans toute critique, essayez d’entendre l’envie derrière les mots plutôt que de vous sentir menacé. Avant de répondre, demandez-vous si vous préférez garder le lien avec cette personne ou avoir raison.
Je ne dis pas qu’il faut être lâche, vous pouvez privilégier la sincérité en indiquant à votre interlocuteur «Je ne suis pas certain que ce soit l’idée la plus sûre de nous lancer sur ce sujet, j’ai tendance à m’emporter et j’aimerais privilégier l’ambiance de la fête de famille. Je te propose qu’on se rencontre à un autre moment pour en débattre». Pour se sortir d’une discussion interminable, l’excuse de la vaisselle fonctionne pour s’éclipser. Utilisez les petites choses du service pour éviter les moments pénibles.
Finalement, peu importe l’opinion, la dinde aura un goût amer, sans parler du foie gras
Savoir que l’on a un impact positif sur la vie des autres, c’est finalement ce qui nous fait le plus de bien en tant qu’être humain. Vous pouvez rappeler à la personne un moment significatif vécu ensemble, lui demander sincèrement conseil ou des informations sur un sujet qu’elle connaît bien, plutôt que de vous lancer sur la politique de Trump ou le Proche-Orient. Cependant, les dynamiques de pouvoir sont parfois fortes dans les familles. Certains membres tiennent le crachoir, imposent les sujets de conversation et coupent la parole. Vous pouvez le leur faire remarquer par des observations précises et factuelles ou fuir en décidant par exemple d’aller jouer un moment avec les enfants.
La figure du «tonton raciste» occupe désormais une place à part entière dans l’imaginaire de Noël. Il donne corps à une triste réalité: la tenue de propos discriminatoires existe aussi dans le cercle intime. Si le racisme s'invite à votre table, Amnesty International propose une liste de conseils pour l'aider à prendre la porte. Plus généralement, selon la police cantonale, le nombre d’actes à caractère raciste rapportés est en augmentation (44 en 2022, 54 en 2023 et 60 au 2 décembre 2024). Il s’agit à 65% d’interactions verbales, relève la police qui précise que 22% des incidents ont lieu dans le domaine privé. Les forces de l’ordre indiquent par ailleurs que 40 plaintes ont été déposées au cours de cette période. Elles ont été élucidées à 95,2%, ce qui signifie que l’agresseur est généralement connu de la victime.
VIM
Le Service des forêts et de la nature a dévoilé ce mercredi le bilan des dommages des grands prédateurs dans le canton. Le lynx a attaqué cinq moutons et le loup, uniquement de passage, en a tué sept.
