Celle qui roule pour les TPF
Véronique Robatel, 23 ans, est depuis peu la seule femme conductrice de bus en ville de Fribourg
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Stéphanie Schroeter
27 mai 2019 à 15:38
Transport » Elle avait le choix entre le foulard et rien! Véronique Robatel a choisi la deuxième option. Rester elle-même, naturelle. Comme d’habitude. Le bout de tissu ne lui collera donc pas à la peau comme signe distinctif de son sexe. Son genre, c’est bien la seule chose qui la différencie de ses collègues. Car Véronique Robatel est, pour l’instant, l’unique conductrice de bus sur la ligne urbaine des Transports publics fribourgeois (TPF). «Je suis la seule en ville de Fribourg mais pas sur le réseau régional», précise cette jeune femme âgée de 23 ans.
Donc Véronique Robatel ne met pas de foulard et prend encore moins de gants. Déterminée, elle est plutôt du genre direct. «Si j’ai toujours voulu faire ce métier? Non. Mais je me souviens d’où vient mon intérêt pour la mécanique. Lorsque j’avais 12 ou 13 ans, ma voiture télécommandée est tombée en panne. J’ai commencé à la démonter, comme ça, pour voir. J’ai ensuite demandé à ma maman s’il existait un travail qui me permettrait de faire ça. Démonter, remplacer des trucs.»
Le camion avant le bus
C’est ainsi qu’elle devient mécanicienne sur auto avant d’enchaîner par une formation de mécatronicienne sur camion. Passionnée d’engins roulants – «J’adore conduire, j’adore le vent, le sentiment de liberté que l’on a sur une moto» –, elle abandonne bientôt le camion pour le bus après avoir travaillé plusieurs mois dans une ferme, «histoire de dépanner».
Les TPF, elle y songe sérieusement lorsqu’elle découvre une offre d’emploi pour le nettoyage. Le déclic. Enfin presque, car l’entreprise de transport ne constitue pas vraiment un terrain inconnu. «Mon père est chauffeur de bus. Je connaissais donc les TPF, et je savais qu’il y avait des perspectives, des possibilités d’évoluer.»
Pas de WC, pas de job
Au placard, le balai! Après quatre mois de formation intense (voir ci-après), Véronique Robatel passe officiellement derrière le volant. C’était il y a moins d’un an. «J’ai eu la possibilité de travailler sur la ligne urbaine, mais mes chefs avaient quelques réticences à cause de l’absence de toilettes et de vestiaires pour femmes. Mais moi, ça ne me dérangeait pas. Je ne me change pas au travail, et j’avais l’habitude déjà durant ma formation de mécanicienne. Je leur ai donc cassé les pieds pour qu’ils me laissent faire!»
Déterminée, directe et «pas compliquée». Ce qui lui plaît tant en ville? «La cathédrale. J’aime la voir comme les Gruériens aiment voir le Moléson.» Ce qui ne l’empêche pas de lui faire quelques infidélités lors des transports régionaux qu’elle effectue également, en Gruyère justement.
« Ce n’est pas toujours facile, les gens ne se rendent pas compte »
Véronique Robatel
Mais le centre-ville reste son élément préféré même s’il s’avère parfois hostile. «Il faut anticiper, avoir l’œil partout. Les gens ne se rendent pas compte. Les vélos, les giratoires, les chicanes… Ce n’est pas toujours facile.» Sans compter les provocations, les insultes ou les vilains bouchons qui font les subtilités de la cité. Autant de situations que la conductrice, philosophe, prend avec stoïcisme. Un peu comme quand on lui pose l’éternelle et incontournable question liée à sa condition féminine dans le microcosme des chauffeurs de bus. «De toute façon, je préfère travailler avec des hommes. Ça correspond à ma mentalité, c’est moins prise de tête.»
Si ses collègues masculins l’ont immédiatement acceptée sans jamais lui faire aucune remarque – «On a de sacrées bouffées de rigolade» –, les passagers, en revanche, se laissent parfois aller à quelques commentaires. «Ah, une femme! C’est ce que j’entends et ça me fait rire car apparemment, chauffeur de bus, c’est un métier d’homme. Mais les réflexions sont toujours positives. Les personnes plus âgées, surtout, apprécient et me disent qu’il y a trente ans, des femmes conduisaient déjà les trolleys sur la ligne urbaine.»
Véronique Robatel n’est donc pas la première à porter cette casquette… Même sans foulard.
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