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Elections fédérales 2019

Quand les candidats sifflotent

Réseaux sociaux • Vivre un dimanche d’élection sur Twitter? De tweets en tweets, on voit que certains politiciens ont davantage le sens de la formule que d’autres.

A Fribourg, Ursula Schneider-Schüttel est la seule à twitter en cet après-midi d’élection, qui va mal se terminer pour elle.CHRISTIAN BRUN

Pierre-André Sieber

Pierre-André Sieber

18 octobre 2015 à 23:48

«Twitter, c’est un peu comme une agence de presse», explique-t-on à celui qui veut suivre les élections fédérales 2015 sur ce réseau social incontournable. Histoire de ne pas se perdre, mieux vaut emprunter la liste d’un vrai utilisateur de Twitter - un twitto comme on dit - comprenant 145 parlementaires fédéraux possédant un compte. Auprès des conseillers nationaux et sénateurs, ce réseau social fait un carton. Ils sont maintenant 60% à tweeter alors qu’ils étaient la moitié il y a un an à peine.

Une chose est sûre: ce réseau, dont le symbole est un oiseau sifflotant, est un bon observatoire des inquiétudes ambiantes exprimées en 140 caractères. Entendons, celles des représentants des partis risquant de perdre des plumes. A l’heure du café croissant, Bernard Guhl, président du Parti bourgeois démocratique (PBD) argovien et candidat sortant au National, invite les électeurs, photo à l’appui, à aller aux urnes.

A la même heure, Adèle Thorens, coprésidente des Verts et candidate sortante au National, affiche une demi-douzaine de reprises (retweets) et messages propres (tweets). Dans le lot, un retweet du WWF. Illustré par deux photos de huppes attrapant un insecte sur un pin, il affirme: «Une chose à faire aujourd’hui: levez-vous et allez voter!» Entendez, pour notre parti!

 

 

Un «ouf!» momentané

Pour le dire, il y en a qui ont davantage le sens de la formule que d’autres. A l’instar du jeune Vert valaisan candidat au Conseil national, Jérémy Savioz, retweeté par Adèle Thorens: «The D-Day. Merci à ceux qui m’ont soutenu mais aussi et surtout à ceux qui m’ont contredit. Ainsi se construit la démocratie.»

 

 

Le socialiste argovien Cédric Wermuth a même le sifflotement poétique: «Bonjour la Suisse! Votes-tu aujourd’hui comme le temps gris qu’il fait ou rouge-vert?» Les libéraux-radicaux misent sur le sens pratique.

 

 

Le candidat aux Etats neuchâtelois Raphaël Comte reprend un message invitant chaque citoyen à vérifier les horaires d’ouverture et à contrôler où se trouve le bureau de vote… On ne sait jamais.

Malgré le choix de la formule, on n’est pas à tous les coups entendus. En ce dimanche, l’inquiétude d’un glissement à droite point de-ci, de-là, en allemand «Rechtsrütsch». Est-ce un signe? Le candidat sortant de la Lega au Conseil national, Lorenzo Quadri, enchaîne sept tweets répétant les thèses sécuritaires de son parti.

 

 

C’est alors qu’Ursula Schneider-Schüttel, candidate finalement malheureuse du Parti socialiste fribourgeois à sa réélection, retweete un message du moine bénédictin d’Einsiedeln (SZ), Martin Werlen: «Nous ne pouvons pas élire des politiciens dont l’horizon s’arrête aux frontières de notre pays.» Bien formulé, mais qui dit que cette élection écoutera le moine schwytzois?

 

 

Chahutée par l’UDC, Ursula Schneider-Schüttel en vient rapidement aux réalités plus terre à terre du vote. Parmi les parlementaires fribourgeois qui se représentent, elle est d’ailleurs la seule à twitter en cet après-midi d’élection. Vers 16 h, aux résultats intermédiaires, son «cui-cui» sur Twitter sonne comme un «ouf» - très momentané - de soulagement: elle sauverait son siège de justesse et c’est sa collègue de parti Valérie Piller-Carrard qui passerait à la trappe. Mais à la fin du dépouillement en début de soirée, surprise: Ursula Schneider-Schüttel trébuche et Valérie Piller-Carrard est élue!

Si l’oiseau est le totem de Twitter, il semble que le paon soit celui des politiciens qui ont le vent en poupe. Vice-présidente du Parti libéral-radical (PLR) et conseillère nationale sortante, Isabelle Moret tient une humeur joyeuse. Normal: elle maintient haut la main son siège à Berne. Son parti a la pêche. Et un tweet pour l’élection de Hans Wicki qui passe la rampe des Etats à Nidwald. Et un retweet sur Karin Keller-Sutter qui fait de même à Saint-Gall. Du coup, la vice-présidente Moret, bien mieux lotie que son président Philipp Müller à la peine en Argovie, se fend d’une formule choc par rapport aux partis qui voudraient tirer profit du problème de la migration à des fins politiques: «On ne peut pas se profiler sur le dos des gens qui souffrent.»

 

 

Félicitations

Enfin, pourrait-on accorder un titre au conseiller national et président du Parti démocrate-chrétien (PDC) Christophe Darbellay? C’est le roi du retweet de congratulations à l’attention de chaque PDC qui réussit son élection. Il pousse même jusqu’à féliciter Martin Landolt, président du PBD suisse, qui passe la rampe à Glaris alors que son siège au National était sérieusement menacé. Le réseau social Twitter est certes une agence de presse, mais aussi une machine à exprimer des messages codés entre partis qui perdent des plumes. I

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