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Justice. Abus sur des garçons slovaques: il risque l'internement à Lucerne

Accusé de traite d'enfants, d'actes sexuels avec enfants et de pornographie, un Suisse de 74 ans a comparu mardi devant la justice lucernoise. Il risque 12 ans de prison et un internement pour avoir abusé de garçons slovaques qu'il a fait venir chez lui.

Le prévenu qui comparaît devant la Cour criminelle de Lucerne est accusé de traite d'enfants, d'actes d'ordre sexuel avec enfants et de pornographie (archives),KEYSTONE/URS FLUEELER

ATS

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3 décembre 2024 à 12:13, mis à jour à 18:26

Temps de lecture : 1 min

Durant le procès qui s'est tenu devant la Cour criminelle de Lucerne, le prévenu a tenté de se faire passer pour un noble chevalier ayant aidé financièrement une famille en Slovaquie, a déploré le procureur dans son réquisitoire. En réalité, il a effectué des versements afin d'abuser systématiquement d'enfants et d'adolescents à son domicile lucernois entre 2015 et 2022.

"Commandés" en ligne, puis "livrés"

Sur des enregistrements audio, l'accusé a dit aux garçons qu'ils recevraient davantage d'argent "pour un meilleur sexe" et que le sexe était "un commerce comme un autre". Plus de 200 enregistrements vidéo réalisés par le prévenu montrent les actes sexuels - masturbations et fellations - commis sur eux, par les mineurs sur lui ou entre eux. Lors des premiers abus, les plus jeunes avaient moins de 12 ans, selon l'acte d'accusation.

Le Lucernois a commandé les garçons chez lui à travers la messagerie de Facebook en passant par des "intermédiaires", selon le procureur. Ces derniers ont amené les enfants et les ados chez lui depuis la Slovaquie. Pour cette raison, le prévenu n'est pas seulement accusé d'actes d'ordre sexuel avec des enfants et de pornographie, mais aussi de traite d'êtres humains mineurs.

Huit victimes dont sept frères

Au total, le septuagénaire aurait fait huit victimes dont sept sont des frères et quatre ont séjourné chez lui à plusieurs reprises durant une à trois semaines. Avec les quatre garçons qui ne sont pas venus en Suisse, il a eu des contacts vidéo sur lesquels il aurait exigé de ses jeunes interlocuteurs dénudés qu'ils commettent des actes sexuels entre eux.

Le prévenu connaissait l'âge de ses victimes et savait qu'elles n'étaient pas en capacité de consentir à des relations sexuelles avec lui, a dénoncé le procureur. Il connaissait leur situation de détresse matérielle. Le retraité les a mis régulièrement sous pression psychique et fait usage de son habileté manipulatoire pour obtenir leur accord, notamment en leur promettant des excursions au bord du lac ou sur un circuit de karting.

Récidiviste après une thérapie "bâclée"

Déjà condamné en 2006 pour des abus sexuels sur deux garçons, l'accusé a suivi une thérapie durant dix ans. Selon un expert psychiatrique, cette mesure n'a pas été appliquée correctement, car les traits de personnalité du principal intéressé étaient bien plus accentués que son thérapeute ne l'avait diagnostiqué.

D'après l'expert du tribunal, le risque de nouvelle récidive du septuagénaire est élevé. L'expertise fait état d'une pédophilie orientée sur les garçons et d'un soupçon de troubles de la personnalité antisociale et narcissique. Le spécialiste a dû se baser sur le dossier de l'affaire, l'accusé ayant refusé de répondre à ses questions.

Matériel pornographique "en souvenir"

Face à la Cour, le prévenu a admis les abus sexuels. Le septuagénaire a aussi avoué avoir produit du matériel pornographique illégal mettant en scène les garçons. L'accusé a qualifié ces images de "souvenirs" de leurs visites chez lui.

Concernant les appels vidéo avec les garçons restés en Slovaquie, sur lesquels ces derniers étaient nus, il a déclaré les avoir enregistrés "par amusement". Le prévenu a contesté l'accusation de traite d'êtres humains, car personne d'autre que lui ne se trouve sur le banc des accusés et qu'il n'a donc pas pu "commercer avec lui-même", selon ses dires.

La défense veut moins de 5 ans de prison

Son avocat a demandé que la peine de son client soit limitée à quatre ans et demi de prison, assortie d'une thérapie ambulatoire. Il a rejeté l'accusation de traite d'êtres humains, l'accusé n'ayant pas gagné d'argent en exploitant les garçons. De plus, il ne les a jamais frappés.

Selon la défense, le plus jeune garçon avait 11 ans lors des premiers abus et 17 ans lors des derniers, alors qu'il était sexuellement mûr. L'avocat a aussi rappelé l'enfance du prévenu, victime d'abus sexuels dans un foyer où il avait été placé, et le fait que suite à sa première condamnation, il n'a pas rechuté durant dix ans. Le jugement sera rendu ultérieurement.