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Serge Gumy

OVNI à abattre


Serge Gumy

Serge Gumy

19 mai 2016 à 21:54

Une ombre plane sur la campagne en vue du scrutin fédéral du 5 juin, celle d’un OVNI - Objet de Votation Non Institutionnel. En effet, l’initiative «En faveur du service public» n’émane pas de partis politiques, unanimes à la combattre, mais de journaux de consommateurs moissonnant la grogne croissante vis-à-vis de La Poste, des CFF et de Swisscom. Ces entreprises appartiennent, au propre et au figuré, au patrimoine national, et sont donc objets d’un attachement émotionnel de la part d’une partie de la population. Le moindre retard d’un train, les hausses successives du prix du billet, la fermeture d’un office postal dans un village, et c’est un petit bout de Suisse qui donne l’impression de ficher le camp. D’où le sentiment que ces entreprises dites «de service public» sont devenues des sociétés comme les autres, lancées dans une course au profit, avec à la clé moins de prestations, facturées toujours plus cher.

Les initiants capitalisent sur ce constat, trop répandu pour ne pas avoir un fond de vérité, mais injuste au vu de la qualité objectivement toujours élevée du service public en Suisse. Par ailleurs, ils n’ont pas grand-chose à proposer au-delà du «c’était mieux avant». Leur texte diabolise le profit qui permet pourtant aux entreprises visées d’investir pour l’avenir. Il bannit le subventionnement croisé en faveur de l’Etat pour faire baisser les prix, ce qui conduira à une probable hausse d’impôts. Donner au client d’une main pour prendre au contribuable de l’autre, voilà qui s’appelle un double jeu à somme nulle. Enfin, en s’attaquant de manière populiste au traitement des dirigeants, l’initiative fait courir le risque d’une baisse de salaires qui toucherait bien plus d’employés.

Soudain fortement mobilisés par des sondages qui voient l’OVNI planer à des hauteurs inattendues, ses adversaires ont sorti l’artillerie lourde. S’ils réussissent à l’abattre le 5 juin, il leur restera à s’attaquer au problème de fond: réussir à réconcilier des entreprises modernes de services avec leur public. La campagne qui s’achève montre qu’il y a du boulot.

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