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Serge Gumy

Oui de raison


Serge Gumy

Serge Gumy

27 mai 2016 à 14:58

La Suisse est-elle en passe de sombrer dans l’eugénisme, soit la sélection des individus méritant de vivre? Les personnes atteintes de trisomie 21 vont-elles être rayées de la société? Ces craintes éthiques ont hanté la nouvelle campagne de votation sur le diagnostic préimplantatoire. Il y a un an, le peuple a donné son accord de principe à cette technique médicale. Le 5 juin prochain, il doit décider dans quelle ampleur lui ouvrir la porte. A l’origine, le Conseil fédéral voulait réserver le DPI aux seuls parents atteints d’une maladie héréditaire grave (une centaine de couples par an). Le texte sur lequel nous votons, issu des débats au parlement, va plus loin. Il autorise les quelque 6000 couples recourant chaque année à une fécondation in vitro à faire détecter sur les embryons développés, avant implantation, d’éventuelles anomalies chromosomiques - dont les trisomies.

Avant de se rallier à l’avis des Chambres, le conseiller fédéral Alain Berset a longtemps mis en garde contre un «risque de tendance eugénique», qui est réel. Car quels parents choisiront un embryon porteur de trisomie 21 pour une grossesse longtemps espérée, après un traitement hormonal lourd, voire plusieurs fausses couches? Peu, sans doute. Effectué lors des premières semaines de grossesse, le diagnostic prénatal offre certes une solution alternative. Sauf qu’en fonction des résultats des tests, un certain nombre de couples optera pour l’avortement. Or, les conséquences de celui-ci sont autrement plus lourdes que le choix d’un embryon.

A ceux qui craignent d’ouvrir la porte aux excès, on rétorquera que toutes les personnes habilitées à recourir au DPI ne le feront pas, et que sur le nombre d’embryons analysés, tous ne seront pas porteurs de trisomie. Enfin, si cet assouplissement marque une diminution objective de la protection de l’embryon, celui-ci n’est pas une personne à part entière, il est un être en devenir. Pour protéger sa dignité, les garde-fous fixés dans la loi restent solides. Pas question de choisir le sexe ou la couleur des yeux de son enfant. On est loin du bébé sur mesure.

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