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Serge Gumy

Un reflet qui fait peur

epa04900517 Forensic experts investigate a truck in which refugees were found dead as it stands on freeway autobahn A4 between Parndorf and Neusiedl, Austria, 27 August 2015. According to reports, some 50 refugees were found dead in the lorry parked at the autobahn. It cannot be confirmed if the dead suffocated in the truck, as some media have reported. The lorry was discovered by highway workers who called police. The driver has disappeared, according to media reports. EPA/ROLAND SCHLAGERROLAND SCHLAGER/

Serge Gumy

Serge Gumy

27 août 2015 à 21:42

Le camion garé au bord d’une autoroute autrichienne s’est mué en corbillard. Sur son flanc, des images de saucisses et de charcuterie de volaille. Ainsi sont morts des dizaines de migrants: traités comme de la bidoche. L’image fait scandale. Elle devient malheureusement banale, presque quotidienne: mercredi, 55 personnes sans vie avaient été trouvées, asphyxiées, dans la cale d’un navire sur la Méditerranée.

Sordide ironie, la tragédie du Burgenland est survenue sous le nez de dirigeants européens réunis hier à Vienne pour une énième séance de crise. Il n’en est une fois de plus rien sorti, sinon quelques déclarations convenues sous le coup de l’émotion. Dans les faits, l’Europe, de sommet en sommet, n’en finit plus de toucher le fond. L’Europe de la désunion et du chacun pour soi, embarquée dans une course à la fermeté: barrière hérissée de barbelés en Hongrie, migrants parqués sans eau dans un stade de Kos, incidents racistes en Allemagne. Sans parler de la Slovaquie, qui veut bien accueillir quelques Syriens, à condition qu’ils soient chrétiens…

Pourtant, face à cette crise partie pour durer, le continent n’a d’autre choix que de s’unir. A quand une répartition plus juste des requérants entre les Vingt-Huit, comme le fait la Confédération avec les cantons? Las, les pays membres de l’UE - et la Suisse avec eux - se cachent derrière les accords de Dublin, qui reportent l’essentiel de la pression migratoire sur les Etats frontières. On comprend dès lors que la Grèce et l’Italie, livrées à elles-mêmes, laissent passer des milliers de candidats à l’asile. Par respect pour la détresse de milliers d’êtres humains, il y a malgré tout urgence à agir. Mieux que personne, le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni a résumé les enjeux: «C’est sur cette question (de l’immigration) que l’Europe soit redécouvrira son âme, soit la perdra pour de bon.» Le miroir tendu par l’actualité des derniers jours n’a rien de rassurant.

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