Pour un vote de confiance

Rarement une votation n’aura provoqué pareil vertige. Le scrutin sur le diagnostic préimplantatoire engage les convictions éthiques les plus profondes des citoyens, notamment le statut qu’ils confèrent à l’embryon. Le DPI suscite aussi de nombreuses craintes quant aux dérives possibles vers l’eugénisme et une sélection des individus dignes de vivre, ou pas.

Le parlement n’a rien fait pour calmer ces peurs. Derrière l’article constitutionnel sur lequel nous votons, il a tricoté une loi d’application plus libérale que celle voulue par le Conseil fédéral. Si elle passe l’écueil du référendum et d’une seconde votation populaire en 2016, le DPI servira à détecter non seulement des maladies génétiques graves, mais aussi des anomalies chromosomiques comme la trisomie 21. Tous les couples passant par la fécondation in vitro - jusqu’à 6000 par année - pourront donc en théorie recourir à l’examen génétique d’un embryon avant son implantation dans l’utérus de la mère.

En comparaison internationale, pourtant, la future loi suisse demeure prudente. Elle continuera d’interdire la sélection du sexe de l’embryon, tout comme les «bébés médicaments» sélectionnés pour offrir à un frère ou une sœur porteurs d’une maladie des «cellules de rechange» saines. Surtout, le DPI constitue un réel progrès pour les personnes concernées. Pas parce qu’elles ne seront plus contraintes d’aller à l’étranger - par analogie, il faudrait alors autoriser les mères porteuses en Suisse. Mais parce que les couples pourront faire un choix éclairé sans devoir passer par «une grossesse à l’essai», voire par un avortement. Et comme le traitement, non remboursé par l’assurance de base, restera à leur charge, ils réfléchiront à deux fois avant de s’y lancer. Voilà qui renforcera la responsabilité individuelle des futurs parents et des médecins. Et qui justifie de leur faire confiance. L’exemple de l’interruption de grossesse montre qu’ils en sont très majoritairement dignes.