Le cœur, la raison et les tripes

Commentaire • Pas de tsunami de réfugiés, ni de vague d’émotion. Alors que l’Europe traverse une crise migratoire sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, c’est la tête froide que le Conseil national a traité hier la révision de la loi sur l’asile. Un débat sans surprise, ni grand élan du cœur, même après l’image bouleversante du petit Aylan, qui était censée pourtant changer le monde.

Voilà qui paraîtra froid, voire technocratique, aux yeux de ces citoyens désireux d’aider les migrants en détresse, comme l’ont fait les Allemands. Raison garder n’exclut pas pour autant l’humanité. Car en visant l’accélération de la procédure d’asile, le Conseil fédéral et la majorité du parlement veulent raccourcir l’incertitude pesant sur les requérants. Leur sort s’en trouvera ainsi amélioré.

Seule à s’opposer à cette réforme, l’UDC a multiplié les outrances hier, allant jusqu’à réclamer un moratoire d’une année sur toute nouvelle demande d’asile. Vous fuyez la guerre en Syrie? Le guichet est fermé, prière de repasser l’an prochain! Absurde, d’autant que la Suisse subit une pression migratoire inférieure à celle d’autres pays européens, bien qu’elle se situe à un niveau élevé. L’UDC n’en a cure, qui en appelle aux tripes. A jouer ainsi avec le feu, elle finira peut-être par se brûler les doigts. Le baromètre électoral publié hier, qui annonce les blochériens en progression, suggère plutôt qu’à la faveur de l’actualité, ils sont en passe d’embraser la campagne.