Serge Gumy
7 août 2015 à 20:39
Est-ce le retour de la canicule? Ou la rentrée politique qui s’annonce? Les esprits s’échauffent en Suisse autour des Erythréens, devenus malgré eux les vedettes de ce début de campagne électorale. Plus fort contingent de requérants d’asile, ils incarnent, aux yeux de certains partis et de quelques ministres de Suisse centrale, la situation tendue en matière d’hébergement, née de l’afflux continu de migrants en Europe via la Méditerranée.
L’urgence relative, bien que réelle, vécue sur le terrain ne saurait justifier pour autant le climat de crise que certains boutefeux essaient d’instaurer. On pense évidemment à l’UDC, qui saisit la moindre occasion pour enfourcher son cheval de bataille - l’asile - et pratiquer sa politique de prédilection: celle de la terre brûlée. Mais que dire du Parti démocrate-chrétien? Ses pontes poussent le Conseil fédéral à faire de l’Erythrée un pays prioritaire de l’aide au développement. Histoire de donner une perspective d’avenir à des migrants qui, à les en croire, fuient avant tout pour des motifs économiques. Qu’il faille récompenser pour ce faire à renfort de millions un régime arbitraire n’ébranle pas le PDC, pourvu qu’il reprenne ses ressortissants!
Pourtant, selon les experts, le pouvoir en place à Asmara pratique toujours les arrestations aveugles et la torture, sans parler du service à la nation à durée indéterminée. Fuir le pays est en outre assimilé à une trahison. C’est pourquoi aucun pays européen ne renvoie les Erythréens déboutés chez eux. Pour les mêmes motifs de sécurité, la justice suisse protège des déserteurs, bien que la loi révisée sur l’asile, acceptée en juin 2013 en votation, ne reconnaisse plus l’objection de conscience comme motif suffisant pour leur accorder le statut de réfugiés.
Dès lors, faire un foin pareil pour quelques milliers de personnes relève uniquement d’une stratégie électorale incendiaire. Craquer l’allumette est évidemment plus simple et rapide qu’apporter sur la durée des solutions aux déficits d’intégration et de formation dont souffrent les Erythréens, cibles trop faciles de ce tir en campagne.
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