Vous la voyez, là-bas, tout au fond? La lumière point au bout du tunnel. Sauf que le tunnel a la longueur du tube routier du Gothard. Le Conseil fédéral s’y est engagé ce jeudi à 20 km/heure avec son plan de déconfinement par étapes. Il veut agir «aussi vite que possible et aussi lentement que nécessaire», selon l’expression déjà culte d’Alain Berset. Mais c’est surtout lentement que le gouvernement se hâte de lever les restrictions qu’il a imposées à la population, et que celle-ci a globalement bien respectées. Ce qui a contribué à freiner la propagation de l’épidémie – provisoirement, du moins.
Cette prudence tout helvétique montre que les arguments de santé publique ont primé sur la relance de l’économie. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter la satisfaction des scientifiques d’une oreille, et de l’autre la déception des partis de droite et des organisations patronales. La lenteur prévue du déconfinement trahit aussi le fait que le Conseil fédéral, dans ce tunnel, roule à vue, avec des phares éclairant par intermittence seulement. Il lui manque en effet des instruments de navigation fiables pour accélérer la traversée – tests d’immunité et masques en suffisance, notamment.
Alors, oui, la lumière point. Mais dans l’annonce tant attendue de ce jeudi, la lueur fait encore pâle figure dans le béton du tunnel. Celui-ci continuera d’imprimer sa dureté sur notre vie quotidienne. Pas d’apéro sur les terrasses pour un temps encore, pas d’ouverture des piscines, des festivals de l’été annulés. Les regroupements de plus de cinq personnes demeurent interdits, les bises déconseillées. Surtout, les personnes âgées ou vulnérables resteront privées des visites de leurs proches. Les Suisses attendaient sans doute ce jeudi la libération. Leur gouvernement leur a signifié qu’ils devaient apprendre à vivre durablement avec le coronavirus.
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