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Religions

Nouvelle fronde contre François

Des prélats, croyant le pape proche de la fin, se sont rencontrés en secret pour préparer sa succession


 Ariel Dumont, Rome

Ariel Dumont, Rome

25 septembre 2021 à 04:01

Vatican » Depuis son accession au trône de saint Pierre le 13 mars 2013, François n’a jamais vraiment connu de répit. Le style parfois décoiffant de ce pape venu du bout du monde et sa pensée jugée trop progressiste, notamment envers les homosexuels, dérangent une partie des catholiques. On lui reproche son penchant pour les questions sociales et on va même jusqu’à lui coller l’étiquette de communiste.

Sa vision de l’Eglise est ponctuellement critiquée par les associations, certains médias et également par les cardinaux ultraconservateurs. Depuis le synode des évêques sur la famille tenu en 2015, plusieurs frondes ont été organisées au sein de l’Eglise contre l’habile jésuite argentin âgé de 84 ans.

Dans les couloirs feutrés et très aseptisés des palais du Vatican par exemple, on se souvient encore du rapport publié à l’été 2018 par Mgr Carlo Maria Vigano, ex-nonce du Saint-Siège à Washington, qui dénonçait les erreurs du pape et sa prétendue complicité dans la couverture des abus sexuels. Mais jamais personne n’avait encore osé parier sur la mort de l’ancien archevêque de Buenos Aires et organiser des réunions secrètes pour préparer le prochain conclave. C’est désormais chose faite.

«Je suis toujours en vie. Bien que certaines personnes veuillent ma mort!» a glissé non sans humour le pape François durant une rencontre informelle avec une cinquantaine de jésuites slovaques. C’était le 12 septembre dernier en Slovaquie durant sa visite officielle, et ses propos ont été relayés cette semaine par la très sérieuse revue jésuite La Civiltà Cattolica.

L’affaire remonte à juillet dernier. C’était l’été, les Italiens préparaient leurs masques de plongée et leurs palmes pour rattraper le temps perdu durant les différents confinements et fêter le début de l’adieu aux restrictions.

Souffrant d’une inflammation potentiellement douloureuse de l’appareil digestif, François est hospitalisé à Rome à la Polyclinique Gemelli, la structure hospitalière dont un étage est réservé aux papes. Le 4 juillet, il subit une ablation partielle du côlon sous anesthésie générale. Des bruits courent, le mot tumeur est prononcé. Les résultats de l’examen histologique démentent cette rumeur.

Mais pour certains prélats, la chose pourrait avoir un fond de vérité, d’autant que le pape doit passer une dizaine de jours à l’hôpital. Et puis, si François ne meurt pas, avec un peu de chance, sa santé chancelante pourrait peut-être l’inciter à rendre les clefs de saint Pierre, se disent les prélats. Pendant plusieurs jours, les comploteurs se rencontrent en grand secret pour passer au crible le nom des successeurs potentiels et réfléchir à des stratégies préélectorales.

Critiques ravivées

Dès son retour dans la résidence Sainte-Marthe où il a choisi d’habiter au lendemain de son élection – «pour rompre le cercle fermé des souverains pontifes et être plus à l’écoute du monde», estime le vaticaniste Bruno Bartoloni – François est averti par son réseau de renseignements. «Je sais qu’il y a eu des réunions entre prélats qui pensaient que l’état du pape était plus grave que ce qui était dit. Ils préparaient le conclave. Patience! Dieu merci, je vais très bien!» a lancé le pape François devant les jésuites slovaques choqués par l’audace de la curie romaine.

Pour le vaticaniste italien Domenico Agasso, «François n’est pas particulièrement aimé et apprécié par les mouvances ultraconservatrices et les milieux ecclésiastiques traditionnels et il le sait». En juillet dernier, sa décision de revenir sur un décret de 2007 de Benoît XVI et d’encadrer plus strictement la messe ancienne en latin, ou les questions qu’il soulève sur le statut des divorcés remariés, ont ravivé les critiques à son encontre. Le pape François est certes bien vivant mais ses détracteurs – et ils sont légion – aussi. A ceux-là, il répond: «Il y a des ecclésiastiques qui font de mauvais commentaires à mon sujet. Je perds parfois patience, surtout lorsqu’ils portent des jugements sans entrer dans un véritable dialogue. Là, je ne peux rien faire. Cependant, je continue (mon chemin) sans entrer dans leur monde d’idées et de fantasmes. Je ne veux pas y entrer. Je préfère prêcher.»

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