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Diplomatie. New Delhi rappelle son haut-représentant à Ottawa

La crise diplomatique entre l'Inde et le Canada accusé d'enquêter sur des diplomates indiens à la suite du meurtre en 2023 sur le sol canadien d'un chef séparatiste sikh, s'est intensifiée avec le rappel lundi par New Delhi de son haut-représentant à Ottawa.

La mort en 2023 du citoyen canadien Hardeep Singh Nijjar (en photo), qui militait pour la création d'un Etat sikh indépendant dans le nord de l'Inde, a envenimé les relations entre New Dehli et Ottawa (archives).KEYSTONE/AP The Canadian Press/ETHAN CAIRNS

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 17:59, mis à jour à 18:08

Temps de lecture : 3 min

La mort du citoyen canadien Hardeep Singh Nijjar, qui militait pour la création d'un Etat sikh indépendant dans le nord de l'Inde appelé le Khalistan, a envenimé les relations entre les deux pays, le Premier ministre canadien Justin Trudeau ayant déclaré qu'il y avait "des allégations crédibles" reliant les services secrets indiens à ce crime.

Lundi, l'Inde a annoncé rappeler plusieurs de ses diplomates au Canada, à commencer par son haut-représentant.

"Nous n'avons pas confiance dans l'engagement du gouvernement canadien actuel à assurer leur sécurité", a expliqué le ministère indien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le gouvernement a donc "décidé de rappeler le Haut-Commissaire ainsi que d'autres diplomates et responsables visés", a-t-il ajouté.

Cascade de représailles

Peu auparavant, ce même ministère avait dit avoir "reçu une communication diplomatique du Canada laissant entendre que le Haut-Commissaire indien et d'autres diplomates sont des personnes présentant un intérêt" dans le cadre de l'enquête en cours.

Il avait qualifié d'"absurdes" les allégations selon lesquelles l'Inde est impliquée dans le meurtre, y voyant une "stratégie de diffamation de l'Inde à des fins politiques".

La diplomatie indienne a assuré que le haut-commissaire au Canada, Sanjay Kumar Verma, un ancien ambassadeur au Japon et au Soudan, était un diplomate de carrière respecté et que les accusations portées contre lui étaient "ridicules et méritaient d'être traitées avec mépris".

Depuis les accusations de Justin Trudeau, New Delhi et Ottawa se sont livrés à une surenchère dans les représailles diplomatiques.

L'année dernière, l'Inde a ainsi provisoirement restreint les visas pour les Canadiens et obligé le Canada à rapatrier certains de ses diplomates.

Convocation

"L'Inde se réserve maintenant le droit de prendre d'autres mesures en réponse à ces derniers efforts du gouvernement canadien en vue de concocter des allégations contre les diplomates indiens", a mis en garde lundi son ministère des Affaires étrangères.

Il a fait savoir qu'il avait convoqué le chargé d'affaires du Canada, Stewart Wheeler.

"Le Canada a fourni des preuves crédibles et irréfutables de liens entre des agents du gouvernement indien et le meurtre d'un citoyen canadien sur le sol canadien", a quant à lui commenté M. Wheeler devant les journalistes après avoir quitté le ministère indien.

"Il est désormais temps pour l'Inde de tenir ses promesses et d'examiner toutes ces allégations. Il est dans l'intérêt de nos deux pays et de leurs peuples d'aller au fond des choses. Le Canada est prêt à coopérer avec l'Inde", a-t-il encore dit.

En novembre 2023, le ministère américain de la Justice a de son côté accusé un citoyen indien, vivant en République tchèque, d'avoir planifié une tentative d'assassinat similaire aux Etats-Unis.

Les procureurs ont affirmé qu'un responsable du gouvernement indien était aussi impliqué dans cette affaire.

Tué sur le parking d'un temple sikh à Vancouver (ouest) en juin 2023, Hardeep Singh Nijjar, qui avait immigré au Canada en 1997 avant d'être naturalisé en 2015, était recherché par les autorités indiennes pour terrorisme présumé et conspiration en vue de commettre un meurtre.

Quelque 770'000 Sikhs vivent au Canada, constituant 2% de la population, avec une minorité active réclamant la création d'un Etat indépendant du "Khalistan".