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Monde

Deux morts lors d’une nuit de colère

Des manifs en soutien à Jacob Blake, l’Afro-Américain blessé par la police dimanche, ont dégénéré


 Julie Tomiche

Julie Tomiche

27 août 2020 à 04:01

Etats-Unis » Deux morts, un blessé par balles. C’est le bilan d’une nouvelle nuit de manifestations, de colère et de violences dans la petite ville de Kenosha (Wisconsin), où Jacob Blake, un Afro-Américain de 29 ans, a été grièvement blessé dimanche par un policier blanc, qui lui a tiré à sept reprises au moins dans le dos. Trois mois après la mort de George Floyd, cette nouvelle bavure policière a ravivé le mouvement de contestation.

Mardi, pour la troisième soirée consécutive, les manifestants ont bravé le couvre-feu pour se rassembler devant le tribunal où ils ont lancé des pierres et des bouteilles et tiré des feux d’artifice sur les forces de l’ordre. Forcés de quitter les lieux à cause des gaz lacrymogènes, les manifestants se sont dispersés dans la rue. Certains se sont attardés autour d’une station-service, où se sont concentrées les tensions jusqu’à hier matin. C’est là que des coups de feu ont éclaté, peu après minuit.

Des miliciens armés

Le bureau du shérif de Kenosha a annoncé enquêter pour déterminer la cause exacte de ces fusillades. Les investigations se concentrent, pour le moment, sur un groupe de miliciens armés qui s’étaient postés autour de la station-service afin, assuraient-ils, de la protéger des émeutiers. Plusieurs vidéos postées sur les réseaux sociaux, et pour l’instant non vérifiées, intéressent les enquêteurs. L’une d’elles montre un homme en sweat-shirt gris, portant une arme à canon long. On le voit courir pour échapper à plusieurs personnes. Il se fait bousculer, tombe au sol, se redresse et tire sur au moins deux passants.

«Une personne a été tuée par balles, deux autres ont été blessées et j’ignore la gravité de leurs blessures», déclarait dans la nuit, avant que le bilan ne s’alourdisse, le shérif du comté de Kenosha, David Beth, cité par le Kenosha News. Il a précisé que la première personne décédée était un homme blanc, tout comme le tireur.

La famille Blake a tenu une conférence de presse mardi après-midi. Me Patrick Salvi, l’un de ses avocats, a détaillé l’état physique du jeune homme. «Une balle a traversé sa moelle épinière, a-t-il dit au micro de CNN. Il a des trous dans son estomac, et on a dû lui retirer une bonne partie de son côlon et de son intestin grêle.» Pour Ben Crump, l’autre avocat des Blake, et également celui de la famille de George Floyd, «il faudra un miracle» pour que Jacob marche de nouveau. Il a demandé que les policiers qui ont tiré sur Jacob Blake soient arrêtés.

Letetra Widman, l’une des sœurs de Jacob Blake, étudiante en histoire, a tenu un discours aussi dur que poignant: «Je ne suis pas triste, je ne suis pas désolée. Je suis en colère. Et je suis fatiguée. Je n’ai pas pleuré une seule fois. J’ai arrêté de pleurer il y a des années. Je suis insensibilisée. Depuis des années, j’ai vu la police assassiner des gens qui me ressemblent. Je ne suis pas triste, je ne veux pas de votre pitié. Je veux du changement.»

Appel au calme

Julia Jackson, leur mère, a appelé les habitants du Wisconsin au calme: «Si Jacob voyait ce qu’il se passe, à quel point la violence et la destruction vont loin, il serait malheureux. Je prie pour la guérison. La guérison physique de mon fils, mais aussi la guérison de ce pays.»

Le Ministère de la justice et le FBI ont ouvert une enquête afin de déterminer les circonstances autour de l’interpellation de Jacob Blake, et des coups de feu qui ont suivi. Cette enquête se fera parallèlement à celles des autorités du comté de Kenosha et de l’Etat du Wisconsin. © Libération

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