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Otan. Mark Rutte, un politicien aguerri à la tête de l'Otan

Politicien aguerri au mode de vie décontracté, Mark Rutte aura besoin de ses talents d'équilibriste pour diriger l'Otan à travers l'une des périodes les plus difficiles de son histoire.

Mark Rutte (à dr.) succède à Jens Stoltenberg (à g.) à la tête de l'Otan.KEYSTONE/EPA/OLIVIER HOSLET

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 11:06

Temps de lecture : 3 min

Souvent photographié en train de se rendre au travail à vélo en croquant une pomme, M. Rutte est devenu mardi le quatrième Néerlandais à diriger l'Alliance de 32 pays pendant une période de belligérance russe et peut-être d'indifférence américaine.

Dans son pays, ce "Monsieur tout le monde" arrive à vélo pour rencontrer des dirigeants étrangers, fait ses courses au supermarché et conduit lui-même sa Saab pour se rendre chez le roi.

L'homme qui a quitté en juin à vélo "La Tourelle", son bureau de Premier ministre, change de vie pour la cocotte minute de Bruxelles.

Le quotidien néerlandais NRC a résumé l'événement en un dessin : M. Rutte, croquant joyeusement une pomme sur un vélo avec un drapeau de l'Otan, se dirige vers un groupe de chefs d'Etat se frappant avec des missiles.

Du haut de son 1m93, M. Rutte, 57 ans, porte de nombreux surnoms, dont "Mark Téflon" en raison de sa grande résistance face aux scandales.

Cette qualité lui a permis de rester Premier ministre 14 ans, un record de longévité dans son pays, survivant notamment en 2021 à la démission de son gouvernement à la suite d'un scandale sur les allocations sociales.

Il a fini par démissionner en juillet 2023 après des luttes intestines au sein de sa coalition sur le thème de l'asile.

"Beaucoup de choses se sont mal passées sous ma responsabilité et j'ai pris cela personnellement," a-t-il déclaré en juin dans un message d'au revoir adressé aux Néerlandais.

L'effondrement soudain de son quatrième gouvernement a été suivie d'une large victoire électorale du dirigeant d'extrême droite néerlandais Geert Wilders en novembre 2023.

Franc-parler

M. Rutte a aussi le sobriquet anglais de "The Trump Whisperer" (l'homme qui murmure à l'oreille de Trump) pour sa capacité à raisonner l'ancien président américain.

On le crédite d'avoir sauvé un sommet de l'Otan en 2018 en discutant avec M. Trump des dépenses de défense.

Il a également fait preuve d'une franchise typiquement néerlandaise avec l'ancien président républicain lors d'une visite à Washington en 2018, où il l'a interrompu avec un "non" résolu lorsqu'il avait affirmé qu'il serait "positif" de ne pas parvenir à un accord commercial avec l'UE.

En février, M. Rutte a encore étalé son franc-parler à la Conférence de Munich sur la sécurité, en affirmant que l'Europe devait travailler "avec tous ceux sur la piste de danse".

"Tous ces gémissements et pleurnicheries à propos de Trump, j'entends cela constamment ces derniers jours, arrêtons", a-t-il déclaré.

Concernant l'Ukraine, M. Rutte a été le fer de lance des efforts visant à doter le pays d'avions de combat F-16, une décision qualifiée d'"historique" par le président Volodymyr Zelensky lors d'un voyage aux Pays-Bas.

"L'Ukraine doit gagner cette guerre. Pour sa sécurité et la nôtre", a déclaré celui qui n'a pas hésité à qualifier le président russe Vladimir Poutine de "froid, brutal, impitoyable" peu après l'invasion russe de l'Ukraine.

M. Rutte était Premier ministre lorsque le vol MH17 de la Malaysia Airlines s'est écrasé en Ukraine en 2014, tuant les 298 personnes à son bord, dont 196 Néerlandais.

Il a déclaré que cet événement a été "peut-être le plus profond et le plus émouvant" de ses 14 ans à la tête des Pays-Bas, et "a changé (sa) vision personnelle du monde". Cela l'a rendu d'autant plus déterminé à soutenir l'Ukraine, "pour sa sécurité et la nôtre".

Rêvant tout d'abord d'une carrière de pianiste, il a rejoint le géant de la consommation anglo-néerlandais Unilever après ses études.

Il se décrit comme un "homme d'habitude et de tradition" et a passé toute sa vie à La Haye, où il donne des cours bénévolement.

"Mark n'aime pas le changement, il veut toujours la même chose", confirme Marco Rimmelzwaan, son coiffeur.