Logo

Musique

Carnet noir. Y avait-il meilleur guitariste que Sylvain Luc?

La réponse tient en six cordes nylon, sur un album qui restera le dernier, où l’immense musicien parti à contretemps déployait toute son épure magistrale. Hommage.


Thierry Raboud

Thierry Raboud

18 mars 2024 à 14:35, mis à jour le 22 mars 2024 à 12:53

Temps de lecture : 2 min

Il allait se passer quelque chose, disait-on. Le chapiteau éteignait ses grands feux, les festivaliers s’éloignaient chancelants comme les peupliers dans la nuit tiède. On patientait dans la cale d’un bateau centenaire amarré au quai du Cully Jazz, bathyscaphe manouche où se prolongeaient parfois les traversées bleues. Attente au chasselas. Puis il est arrivé, Godin sur l’épaule, heureux d’avoir chaviré la grande scène, plus heureux encore de pouvoir continuer à jouer dans l’intimité de cette cave submersible. Et quelque chose, oui, s’est passé. Assis devant nous, juste devant, éternel visage d’enfant, il a réglé l’ampli doucement, puis empoigné le manche de sa guitare comme un nautonier lémanique son gouvernail; et le bateau a dérivé, à l’improviste, vers l’inouï inoubliable.