Ukraine. Macron évoque l'abri du parapluie nucléaire français
Emmanuel Macron veut "ouvrir le débat stratégique" sur la protection de l'Europe par le parapluie nucléaire français, , précisant toutefois que la décision d'appuyer sur le bouton resterait "entre les mains" du président français.
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ATS et AFP
5 mars 2025 à 20:28, mis à jour à 22:08
"Répondant à l'appel historique du futur chancelier allemand (Friedrich Merz), j'ai décidé d'ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen", a déclaré le chef de l'Etat français lors d'une allocution télévisée.
Toutefois, "quoi qu'il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République, chef des armées", a-t-il indiqué, en réponse à des critiques de certains acteurs politiques français d'opposition.
Il répondait à M. Merz, qui a jugé nécessaire que le Vieux continent se prépare "au pire scénario" d'une Otan dépourvue de la garantie de sécurité américaine.
M. Macron, à la tête d'une des deux puissances nucléaires en Europe avec le Royaume-uni, intervenait alors que la nouvelle administration Trump fait craindre un désengagement des Etats-Unis en Ukraine et une rupture historique de leur alliance avec les Européens.
"La menace russe est là et touche les pays d'Europe, nous touche", a souligné le chef de l'Etat, rappelant que la Russie avait "déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial", "viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanie, en Moldavie" et "tente de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux".
Pour Emmanuel Macron, "cette agressivité ne semble pas connaître de frontières" et face à cette situation, "rester spectateur serait une folie".
Selon lui, "nous restons attachés à l'Otan et à notre partenariat avec les Etats-Unis (...) mais il nous faut faire plus (...). L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranché à Washington ou à Moscou".
Toutes ces questions promettent d'être au coeur d'un sommet extraordinaire de l'Union européenne, jeudi à Bruxelles, qui vise selon la présidence française à démontrer que les Vingt-Sept "accélèrent" dans ce secteur.
Juste après son allocution, Emmanuel Macron recevait à dîner le Premier ministre hongrois Viktor Orban, soutien de Donald Trump et Vladimir Poutine, et l'une des voix les plus dissonantes dans l'UE.
Tarifs douaniers "incompréhensibles"
Au terme du sommet de jeudi, selon Emmanuel Macron, "les États membres pourront accroître leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit. Des financements communs massifs seront décidés pour acheter et produire sur le sol européen des munitions, des chars, des armes, des équipements parmi les plus innovants".
Le scénario d'une dissuasion européenne se heurte à de nombreux obstacles, dont l'autonomie de décision revendiquée par Paris. Depuis son origine, la dissuasion française repose en effet sur l'appréciation par un seul homme, le président de la République, d'une menace contre les intérêts vitaux du pays.
En février 2020, Emmanuel Macron avait mis en avant "la dimension authentiquement européenne" des intérêts vitaux français, non sans susciter des débats dans l'Hexagone.
Et en avril 2024, il s'était dit prêt à "ouvrir le débat" d'une défense européenne qui pourrait "inclure la défense antimissile, les tirs d'armes de longue portée, l'arme nucléaire pour ceux qui l'ont ou qui disposent sur leur sol de l'arme nucléaire américaine".
Evoquant par ailleurs l'autre sujet brûlant des relations américano-européennes, le président français a jugé nécessaire de préparer l'Europe "à ce que les Etats-Unis décident de tarifs douaniers sur les marchandises européennes", comme ils viennent de le confirmer à l'encontre du Canada et du Mexique.
"Cette décision, incompréhensible tant pour l'économie américaine que pour la nôtre, aura des conséquences sur certaines de nos filières", a-t-il prévenu.
"Tout en préparant la riposte avec nos collègues européens, nous continuerons (...) à tout tenter pour convaincre que cette décision nous ferait du mal à tous".