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Droits humains. L'ONU cible les conditions de détention à Khartoum

L'ONU cible "les conditions inhumaines" dans les prisons de l'armée soudanaise et des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) à Khartoum. Dans un rapport jeudi à Genève, le Haut-Commissariat aux droits de l'homme cible de la torture et d'autres abus.

Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk se dit "très perturbé" par les violations des droits humains dans les centres de détention au Soudan (archives).KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

ATS

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Aujourd’hui à 15:26, mis à jour à 15:34

Temps de lecture : 2 min

Le Haut commissaire Volker Türk se dit "très perturbé" par ces indications sur la période entre le début de la guerre mi-avril 2023 et juin dernier. Des dizaines de milliers de personnes ont été retenues sans accusation, avec des contacts limités ou inexistants avec leurs proches, dans des prisons surchargées.

Des anciens détenus relaient des indications crédibles de torture et d'abus, disant notamment avoir été régulièrement battus. L'accès aux toilettes est limité et la nourriture et l'eau sont garanties de manière inadaptée.

De nombreux détenus sont aussi décédés en prison, en raison du manque de soins. Dans deux prisons des FSR, des violences sexuelles et des exploitations de femmes ont été perpétrées. De même des attitudes discriminatoires ont été observées pour des raisons ethniques.

Le Haut-Commissariat a documenté aussi des violations similaires dans d'autres régions du Soudan, notamment au Darfour. Alors que l'armée a regagné certains territoires ces derniers mois, il a reçu des indications crédibles sur des transfèrements de centaines de prisonniers par les FSR dans d'autres parties du pays.

Dizaines de milliers de tués

"Ces pratiques sont très inquiétantes. Elles augmentent les menaces de violations" des droits humains, insiste le Haut commissaire. Le rapport demande aux parties au conflit de mettre un terme à ces actes et à la communauté internationale de dialoguer avec elles.

En septembre dernier, la Mission internationale d'établissement des faits avait parlé de nombreux actes équivalant à des crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Elle demandait le déploiement d'une force indépendante pour protéger les civils.

Les FSR et leurs milices alliées se voyaient alors reprocher des actes équivalant à des crimes contre l'humanité, de meurtres, torture, esclavage, viols, esclavage sexuel, persécution ethnique et déplacements forcés. L'armée du général Abdel Fattah al-Burhane est de son côté responsable des crimes de guerre présumés, de meurtres, mutilations, torture et autres actes dégradants, ajoutait alors ce rapport de la mission.

En près de deux ans de conflit, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées, dont au moins 4300 civils l'année dernière selon l'ONU. Plusieurs régions sont exposées à de la famine. Le conflit a fait environ neuf millions de déplacés internes et quelque 3,5 millions de réfugiés. Près de deux tiers de la population ont besoin d'une assistance humanitaire.