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Corée du Sud. Le président sud-coréen dit avoir voulu empêcher une "dictature"

La première audience du procès pénal du président sud-coréen Yoon Suk-yeol, accusé d'"insurrection" pour avoir tenté d'imposer la loi martiale, s'est tenue jeudi à Séoul. Son avocat a soutenu que son client avait agi pour empêcher une "dictature législative".

Un grand nombre de policiers ont été déployés autour du tribunal central de Séoul, où le président sud-coréen est jugé pour insurrection.KEYSTONE/EPA/YONHAP

ATS
AFP

ATS et AFP

20 février 2025 à 02:27, mis à jour à 06:31

Temps de lecture : 1 min

Ce premier procès d'un président en exercice dans l'histoire de la Corée du Sud s'est ouvert à 10h00 (02h00 en Suisse) dans une salle bondée du tribunal central de Séoul et avec d'importantes mesures de sécurité. La première audience, consacrée à des questions de procédure, s'est achevée environ 90 minutes plus tard.

Ce procès pénal est distinct d'une autre procédure en cours devant la cour constitutionnelle, appelée à confirmer ou infirmer la destitution de M. Yoon votée le 14 décembre par l'Assemblée nationale. Yoon Suk Yeol, 64 ans, est accusé d'"insurrection", un crime passible de la peine de mort ou de la prison à vie et qui n'est pas couvert par son immunité présidentielle.

Arrêté le 15 janvier après s'être retranché pendant des semaines, protégé par sa garde rapprochée, dans sa résidence de Séoul, M. Yoon a été inculpé le 26 janvier et placé en détention provisoire pour six mois.

"Enquête illégale"

Le parquet, qui accuse le président d'être le "meneur d'une insurrection", a requis jeudi son maintien en détention, invoquant "la possibilité que l'accusé influence ou persuade les personnes impliquées dans l'affaire".

M. Yoon, présent à l'audience, n'a pas pris la parole. Son avocat a pour sa part demandé au tribunal d'annuler l'acte d'inculpation, fruit selon lui d'une "enquête illégale".

Le président conservateur avait plongé la Corée du Sud dans le chaos politique le 3 décembre en décrétant la loi martiale et en envoyant l'armée au parlement pour tenter de le museler. Il avait dû faire marche arrière six heures plus tard, les députés étant parvenus à se réunir en urgence et à voter une motion exigeant le retour au régime civil.

Le président avait justifié son coup de force par le fait que le Parlement, dominé par l'opposition, bloquait l'adoption du budget de l'Etat. Dans une allocution télévisée surprise, il avait dit vouloir "protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes" et "éliminer les éléments hostiles à l'Etat".

Autre procès

"La déclaration de la loi martiale n'avait pas pour but de paralyser l'Etat, mais plutôt d'alerter l'opinion publique sur la crise nationale provoquée par la dictature législative du parti dominant de l'opposition, qui avait paralysé l'administration", a plaidé jeudi son avocat.

"Symboliquement, pour souligner le problème de la dictature parlementaire, seule une petite force de 280 soldats a été déployée, strictement pour maintenir l'ordre, avec des instructions claires selon lesquelles ils ne devaient pas être équipés de balles réelles. En outre, le déploiement effectif des forces n'a eu lieu qu'après la déclaration, et aucune personne n'a été blessée", a-t-il ajouté.

M. Yoon reste officiellement le président en attendant le verdict de la cour constitutionnelle. Cette dernière doit se réunir jeudi à 15h00 locales (08h00), quelques heures à peine après le début du procès criminel, pour sa dixième audience, probablement l'une des dernières avant que les huit juges ne se retirent pour délibérer. Ils ont jusqu'au 10 juin pour rendre leur verdict.

Pasteurs évangéliques

Si la cour confirme la destitution, une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans les 60 jours. Dans le cas contraire, M. Yoon sera réinstallé dans ses fonctions.

La majeure partie du procès en destitution de M. Yoon a tourné autour de la question de savoir s'il avait violé la constitution en déclarant la loi martiale, une mesure qui ne peut être prise que lorsqu'une intervention militaire est nécessaire pour préserver la sécurité et l'ordre public "en cas de conflit armé ou d'une urgence nationale similaire".

Yoon Suk-yeol continue d'être soutenu par une partie de sa formation, le parti du pouvoir au peuple (PPP), par la frange la plus radicale de la droite sud-coréenne et par d'influents pasteurs évangéliques. Des dizaines de milliers de ses partisans se rassemblent chaque samedi à Séoul pour réclamer sa libération et son retour au pouvoir.

Ces manifestations sont largement non-violentes, mais le 19 janvier, un tribunal de Séoul qui venait de prolonger la garde-à-vue de M. Yoon avait été pris d'assaut et mis à sac par des centaines de partisans du président. Plus d'une soixantaine de personnes ont été arrêtées pour cette attaque.