Proche-Orient. Le Hamas a libéré trois otages israéliens à Gaza
Des combattants palestiniens masqués ont libéré samedi trois otages israéliens dans la bande de Gaza contre 369 prisonniers détenus par Israël, achevant le sixième échange depuis le début de la trêve. Cette dernière a failli voler en éclats cette semaine.
Partager
ATS et AFP
Aujourd’hui à 09:46, mis à jour à 15:32
L'accord de cessez-le-feu est entré en vigueur le 19 janvier après 15 mois d'une guerre dévastatrice à Gaza entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque d'une ampleur sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre 2023.
Après 498 jours de captivité à Gaza, Sacha Trupanov, un Israélo-Russe de 29 ans, Yaïr Horn, un Israélo-Argentin de 46 ans, et Sagui Dekel-Chen, un Israélo-Américain de 36 ans, ont été libérés à Khan Younès (sud). Ils sont apparus en meilleure forme physique que trois otages au visage émacié libérés une semaine plus tôt.
Avant d'être remis à la Croix-Rouge internationale et transférés par l'armée en Israël, les trois hommes ont été exhibés sur un podium, entourés de combattants du Hamas et du Djihad islamique, un mouvement palestinien allié. Ils ont été contraints de dire quelques mots au micro, en hébreu, devant la foule, lors d'une mise en scène organisée à chaque libération.
Les trois Israéliens, qui doivent subir des examens médicaux, avaient été enlevés au kibboutz Nir Oz (sud d'Israël) lors de l'attaque du 7-Octobre. Sur 251 personnes alors emmenées à Gaza, 70 sont toujours détenues, dont au moins 35 mortes, selon l'armée.
"Montagnes russes"
Leur libération est intervenue alors que le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est attendu en soirée en Israël. Il doit rencontrer le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a dit vouloir oeuvrer avec l'allié américain pour libérer tous les otages "aussi vite que possible", tandis que le Hamas a appelé Washington à "contraindre" Israël à respecter ses engagements dans le cadre de cette trêve.
Les médiateurs égyptien et qatari ont redoublé d'efforts pour préserver le cessez-le-feu, après que le Hamas a menacé ces derniers jours de suspendre les libérations et Israël de reprendre la guerre, chaque camp accusant l'autre de violations de l'accord. A Tel-Aviv, des Israéliens ont suivi en direct les libérations à Gaza sur des écrans géants, entre étreintes et larmes de joie.
La femme de Sagui Dekel-Chen, Avital, qui a donné naissance à leur troisième fille deux mois après l'enlèvement de son mari, l'a accueilli à une base militaire dans le sud d'Israël. "Il est si beau", a-t-elle déclaré, d'après une chaîne israélienne.
Après les libérations, l'association du Forum des familles d'otages a appelé Israël et le Hamas à ne pas laisser la trêve "s'effondrer". "Nous sommes si heureux à chaque fois qu'un (otage) revient. Mais ensuite, nous pensons à tous ceux qui sont restés" et qui "attendent d'être libérés", a confié à l'AFP Ronli Nissim, membre du Forum, évoquant des "montagnes russes émotionnelles".
"Simultanément au grand enthousiasme qui accompagne le retour de chaque otage, nous (...) préparons en même temps des plans d'attaque", a affirmé de son côté l'armée.
Palestiniens hospitalisés
Israël a confirmé avoir libéré 369 prisonniers palestiniens. A bord de bus, ils ont été transférés principalement dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, où ils ont été accueillis par des foules en liesse.
A Ramallah, en Cisjordanie, les ex-prisonniers ont été hissés sur des épaules et ont enlacé leurs proches. Quatre d'entre eux ont été hospitalisés. D'après Hassan Awis, les conditions de détention étaient "très difficiles", faisant notamment état de "torture" mais exprimant sa joie de retrouver sa famille.
Parmi ceux libérés, 24 ont été expulsés en Egypte. Sourire aux lèvres, ils ont salué depuis des bus franchissant la frontière. D'après une source proche des négociations, les médiateurs ont assuré au Hamas qu'Israël "autoriserait l'entrée des caravanes et des équipements lourds une fois le processus d'échange de prisonniers achevé", selon les termes de l'accord qui prévoit une augmentation de l'aide humanitaire.
La première phase de la trêve, qui doit s'achever le 1er mars, a déjà permis la libération de 19 otages israéliens et 1.134 Palestiniens. Durant cette phase, 33 otages israéliens au total, dont huit décédés, doivent être remis à Israël contre la libération de 1.900 prisonniers palestiniens.
Négociations?
Selon une source proche des négociations, les médiateurs espèrent entamer "la semaine prochaine à Doha" les pourparlers sur la deuxième phase. Celle-ci vise à libérer tous les otages et mettre fin à la guerre, avant une phase finale dédiée à la reconstruction de Gaza, un immense chantier estimé par l'ONU à plus de 53 milliards de dollars.
Sur le sort à plus long terme de Gaza, un sommet de cinq pays arabes est prévu le 20 février à Ryad, pour répondre au plan du président américain Donald Trump d'une prise de contrôle du territoire palestinien par les Etats-Unis et du déplacement de sa population en Egypte et Jordanie.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1211 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité. L'offensive israélienne de représailles à Gaza a fait au moins 48'264 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et provoqué un désastre humanitaire.