Espace. La sonde américaine sur la Lune est probablement inclinée
La sonde d'Intuitive Machines qui s'est posée jeudi sur la Lune n'a probablement pas aluni à la verticale comme espéré, a indiqué l'entreprise américaine. La société spatiale privée avait déjà connu une telle déconvenue l'an passé.
Partager
ATS et AFP
6 mars 2025 à 23:40, mis à jour à 23:48
"Nous ne pensons pas avoir la correcte orientation à la surface de la Lune", a déclaré Steve Altemus, directeur général de l'entreprise texane, lors d'une conférence de presse commune avec l'agence spatiale américaine NASA, pour qui la sonde transportait des instruments.
Au début 2024, Intuitive Machines avait déjà réussi à poser un engin sur la Lune, devenant la première société privée à réussir une telle prouesse, mais sa sonde s'était toutefois retrouvée inclinée et abîmée après une descente mouvementée.
Si l'entreprise et l'agence ont confirmé que cette nouvelle sonde, nommée Athena, s'était posée jeudi sur la surface lunaire autour de 18h30 en Suisse, le lieu précis de son alunissage et son état opérationnel sont encore en cours d'évaluation.
En réaction, l'action d'Intuitive Machines a chuté de 20% sur les marchés financiers.
Moins d'énergie produite
Le fait que l'appareil puisse être incliné pourrait conduire, entre autres, à une production d'énergie moins élevée que prévu, a prévenu M. Altemus. Ce qui aurait pour effet de limiter les expériences et démonstrations que l'entreprise et la NASA ambitionnaient de mener.
Les manoeuvres d'alunissage sont extrêmement complexes, en raison notamment de l'absence d'atmosphère, qui rend les parachutes inopérants. Avant qu'Intuitive Machines n'y parvienne en février 2024, seule une poignée de pays, à commencer par l'Union soviétique en 1966, avait réussi une telle manoeuvre.
Dimanche, une autre entreprise texane, Firefly Aerospace, a réussi cette opération en faisant alunir sans encombre sa sonde Blue Ghost, également envoyée pour le compte de la NASA.
L'agence spatiale américaine a choisi il y a plusieurs années de charger le secteur privé de l'envoi de matériel et de technologies sur la Lune afin de faire baisser le coût des missions et d'accélérer leur cadence.
Haute de plus de 4 mètres, Athena transporte plusieurs instruments scientifiques destinés notamment à forer le sol à la recherche d'eau et d'autres ressources. A bord également: un petit robot nommé Grace - en l'honneur de la mathématicienne américaine Grace Hopper - capable de bondir et ainsi d'explorer des zones difficiles d'accès.
Ambitions spatiales
Un autre engin doit tester la mise en place d'un réseau cellulaire 4G. Ces expériences sont destinées à approfondir les connaissances scientifiques et à préparer le terrain pour de futures missions humaines, dans le cadre d'Artémis, le programme-phare de la NASA.
La sonde Athena visait un alunissage sur un terrain montagneux, à environ 160 kilomètres du pôle sud de la Lune, objet de nombreuses convoitises, car de l'eau s'y trouve sous forme de glace. En 2023, la sonde indienne Chandrayaan-3 était devenue la première au monde à alunir dans cette région.
L'entreprise texane et la NASA envisageaient initialement de mener des expériences "pendant environ dix jours avant que la nuit lunaire ne s'installe sur le pôle sud de la Lune, rendant Athena inutilisable".
Ce nouvel alunissage américain survient au moment où les incertitudes autour du programme Artémis ne cessent de croître du fait du scepticisme manifesté par le président américain Donald Trump sur l'utilité de repasser par la Lune avant d'aller sur Mars. Le républicain a répété mardi soir au Congrès sa volonté de planter le drapeau américain sur la planète rouge.
Le programme Artémis, victime de retards et de complications, a pour objectif d'établir une présence humaine durable sur la Lune, alors que d'autres pays, à commencer par la Chine, grande puissance rivale des Etats-Unis, ambitionnent également d'y envoyer des hommes et d'y construire une base dans les prochaines années ou décennies.