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Religions

La passion papale pour le cyclisme

Dès la création du Tour de France et du Giro d’Italia, le cyclisme a suscité un engouement au Vatican


 Camille Dalmas, Imedia/Cath.ch

Camille Dalmas, Imedia/Cath.ch

30 juin 2023 à 21:42

Temps de lecture : 1 min

Passion vélo » Un prêtre peut-il enfourcher une bicyclette? La question est posée au début du XXe siècle dans une revue française pour prêtres – repérée par l’historienne Catherine Marneur – L’ami du clergé. Il s’agit de répondre à l’étonnement qui saisit toute la société européenne devant l’avènement et le succès de cet étrange véhicule à deux roues. Prudente, l’Eglise ne tranche pas: «Le Saint-Office n’a pas encore donné son avis sur le vélo. Avant tout, il faut tenir compte de l’effet que cela produira sur la population.» Les doutes ne subsistent pas longtemps, et quand en 1948, Fernandel se met dans la peau de Don Camillo, adepte d’un joli cycle hollandais, plus personne ne doute de l’extraordinaire compatibilité de la soutane et du coup de pédale.

1 Maillot jaune Pie X, le pionnier

Pie X (1903-1914), «l’Européen le plus moderne» de son temps selon Guillaume Apollinaire, ne s’y trompe pas: derrière toutes les passions sportives qui prospèrent à son époque, il y a quelque chose de profondément chrétien dont l’Eglise doit s’emparer. C’est l’âge d’or des patronages. Pie X le premier bénit une course amateur au départ de Rome, et son successeur Benoît XV (1914-1922) l’imite quelques années plus tard. Le vélo est dès lors perçu comme une pratique vertueuse, accessible à une petite bourgeoisie. Sur le vélo, le chrétien découvre l’intérêt d’un véritable dépassement de soi, ou le sens d’un sacrifice radical mais décorrélé de tous les penchants guerriers alors en vogue. Durant les courses, en revanche, la victoire nécessite d’unir initiative individuelle et esprit d’équipe.

2 Maillot à pois: Pie XII, le passionné

La passion papale pour le cyclisme va prendre une tout autre dimension avec Pie XII (1939-1958). Ce dernier est même célèbre pour avoir fait bâtir en 1948 une petite chapelle sur les hauteurs du col de Ghisallo, l’équivalent pour le Tour de Lombardie du mythique col du Galibier du Tour de France. Il baptise l’édifice «Notre-Dame universelle des cyclistes». Aux côtés du pontife, un héros de l’asphalte comme il n’y en aura jamais plus démontre à lui seul à quel point les coureurs sont alors en odeur de sainteté au Vatican: c’est Gino Bartali, dit «Gino le pieux». Double vainqueur du Tour de France en 1938 et 1948, il a aussi été un des humbles et silencieux serviteurs des plus faibles dans la sourde lutte engagée par l’Eglise catholique contre le fascisme de Mussolini ou le nazisme d’Hitler, acheminant pour le Vatican des faux papiers dans le cadre de son vélo, pour permettre d’exfiltrer des familles juives.

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