Proche-Orient. L'Unrwa, qui vit "son heure la plus sombre", doit être sauvée
L'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qu'Israël a décidé d'interdire, vit "son heure la plus sombre", a alerté son chef devant l'Assemblée générale de l'ONU. Il a appelé les Etats membres à la sauver.
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ATS et AFP
Aujourd’hui à 17:37, mis à jour à 18:07
"Sans intervention des Etats membres, l'Unrwa va s'effondrer, plongeant des millions de Palestiniens dans le chaos", a déclaré Philippe Lazzarini, demandant aux Etats membres de l'Assemblée, qui a créé l'Unrwa en 1949, à "empêcher la mise en oeuvre de la loi contre l'Unrwa" votée par le parlement israélien.
Une semaine après le vote par le Parlement d'une loi interdisant les activités de l'Unrwa en Israël, ce pays a notifié lundi à l'ONU "l'annulation" de son accord avec l'agence datant de 1967, année du début de l'occupation par Israël des territoires palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, ainsi que Jérusalem-Est, où l'Unrwa a fourni pendant des décennies une aide essentielle aux réfugiés palestiniens - éducation, santé, services sociaux, aide alimentaire...
Un seul Etat membre ne peut pas décider
"Aujourd'hui, je demande aux Etats membres d'agir pour défendre les réfugiés palestiniens et l'Unrwa", a insisté Philippe Lazzarini, évoquant notamment les "plus de 650.000 garçons et filles de Gaza", "une génération entière" qui risque d'être "privée du droit à l'éducation".
Alors que l'agence a été créée par une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU en 1949, "les changements du mandat de l'Unrwa sont du ressort de l'Assemblée générale, pas d'un seul Etat membre", a-t-il rappelé.
"Depuis le début de la guerre à Gaza, les responsables israéliens ont décrit le démantèlement de l'Unrwa comme un but de la guerre. La loi de la Knesset sert ce but, mais son intention va au-delà d'un discrédit de l'Unrwa et des Nations unies. Elle cherche à mettre un terme au droit des Palestiniens à l'autodétermination et à l'aspiration à une solution politique juste", a-t-il déclaré.
Accusations sans preuves
L'Unrwa est la bête noire d'Israël qui l'accuse d'être infiltrée par les membres du mouvement islamiste Hamas, à l'origine des attaques du 7-Octobre ayant entrainé la campagne de représailles de l'armée israélienne à Gaza.
De telles preuves n'ont en réalité jamais été fournies par Israël, selon l'ONU. Seuls des doutes concernant neuf employés de l'Unrwa ont conduit au licenciement de ces personnes.
"L'Unrwa peut être définie par un seul mot, échec, échec à la fois professionnel et moral", a insisté mercredi à l'Assemblée générale l'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon, estimant que sans elle "les travailleurs humanitaires pourraient être dignes de confiance".
L'agence "a utilisé ses financements pour prolonger le cycle du terrorisme, enseigner la haine pendant des décennies", a-t-il ajouté, jugeant "fausse" l'affirmation répétée par de nombreux Etats membres selon laquelle l'Unrwa est "la colonne vertébrale" de l'aide humanitaire à Gaza.
Irremplaçable
Depuis un an, l'ONU martèle elle aussi que l'Unrwa est irremplaçable. Son secrétaire général Antonio Guterres a écrit en ce sens la semaine dernière au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour lui demander le maintien des opérations de l'agence.
Même le Conseil de sécurité de l'ONU, qui peine à parler d'une seule voix depuis le début de la guerre à Gaza, a insisté sur son "rôle vital", appelant Israël à respecter ses "obligations internationales" et le "mandat" de l'Unrwa.
"Nous devons agir collectivement et fermement pour préserver l'Unrwa, lui permettre de mener son mandat et faire échouer toute tentative de la détruire", a plaidé mercredi l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour.