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Proche-Orient. Israël doit discuter mardi d'un cessez-le-feu au Liban

Le cabinet de sécurité israélien se réunit mardi pour discuter d'un cessez-le-feu au Liban, où Israël est en guerre contre le Hezbollah. Les Etats-Unis ont évoqué un accord proche, tout en appelant à la prudence.

Israël n'a "pas d'excuse" pour refuser un cessez-le-feu, a affirmé mardi le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell.KEYSTONE/AP/Hassan Ammar

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 12:58, mis à jour à 13:02

Temps de lecture : 4 min

A l'heure où les efforts diplomatiques s'intensifient, Israël multiplie les bombardements sur les fiefs du mouvement islamiste, notamment sur la banlieue sud de Beyrouth à nouveau visée mardi après un appel à évacuer. Lundi, au moins 31 personnes avaient été tuées à travers le Liban, selon les autorités.

Les Etats-Unis, l'Union européenne et l'ONU tentent d'obtenir une trêve entre Israël et le puissant mouvement libanais soutenu par l'Iran, entrés en guerre ouverte à la fin septembre après des mois d'échanges de tirs en marge de l'offensive israélienne à Gaza.

Israël n'a "pas d'excuse" pour refuser un cessez-le-feu, a affirmé mardi le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell. "Espérons qu'aujourd'hui le gouvernement de (Benjamin) Netanyahu approuvera l'accord de cessez-le-feu", a-t-il ajouté.

L'ONU a réitéré son appel à un "cessez-le-feu permanent" au Liban, en Israël et à Gaza.

Le cabinet de sécurité doit se réunir mardi après-midi pour discuter d'un accord de cessez-le-feu, a annoncé la vice-ministre des Affaires étrangères, Sharren Haskel, en refusant d'entrer dans les détails du texte.

"Nous pensons être arrivés au point où nous sommes proches" d'un accord, avait déclaré lundi John Kirby, un porte-parole de la Maison Blanche, tout en soulignant que rien n'était encore acquis.

Très impliquée elle aussi dans les efforts de médiation, la présidence française a affirmé lundi que les discussions avaient "avancé significativement".

Avertissement israélien

Mais le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a prévenu mardi que son pays agirait "avec force" en cas de violation d'un accord. "Si vous n'agissez pas, nous le ferons, et avec force", a-t-il dit, cité par son ministère, lors d'un entretien avec la coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert.

La guerre qui fait rage depuis octobre 2023 dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas s'est propagée depuis septembre au Liban, après un an d'échanges de tirs de part et d'autre de la frontière entre l'armée israélienne et le Hezbollah, allié du mouvement islamiste palestinien. Des dizaines de milliers de civils ont été déplacés dans les régions frontalières du nord d'Israël et du sud du Liban.

"Des tunnels, des roquettes"

Selon le site d'information américain Axios, l'accord est basé sur un projet américain prévoyant une trêve de 60 jours durant laquelle le Hezbollah et l'armée israélienne se retireraient du sud du Liban pour laisser l'armée libanaise s'y déployer.

Il inclut la mise en place d'un comité international pour en surveiller l'application, a ajouté Axios, précisant que les Etats-Unis auraient donné des assurances sur leur soutien à une action militaire israélienne en cas d'actes hostiles du Hezbollah.

La médiation prend pour base la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et qui stipule que seuls l'armée libanaise et les Casques bleus peuvent être déployés à la frontière sud du Liban.

Néanmoins, le ministre de la Sécurité nationale israélien, Itamar Ben Gvir, d'extrême droite, a estimé qu'un cessez-le-feu serait "une grosse erreur".

Originaire du nord d'Israël, Dorit Sison, une femme de 51 ans, a dit redouter un règlement comme en 2006, qui selon elle a permis au Hezbollah de "se réarmer". Maintenant, a-t-elle ajouté, "ils ont des tunnels, des roquettes, toutes les munitions possibles".

Pour Nahum Donita, un habitant de Tel-Aviv âgé de 60 ans, "il est clair que l'on ne peut pas faire confiance au Hezbollah (...) Mais (...) le gouvernement israélien n'est pas digne de confiance non plus".

Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah dans le sud du Liban pour sécuriser sa frontière et permettre le retour de 60'000 habitants déplacés. Le mouvement chiite, qui a subi des coups très rudes depuis septembre, a assuré qu'il combattrait Israël tant que se poursuivrait l'offensive à Gaza, tout en se disant ouvert à un cessez-le-feu.

Le Hezbollah a tiré lundi au moins 30 projectiles sur Israël, selon l'armée.

Se protéger de la pluie

L'armée israélienne poursuit également ses frappes sur la bande de Gaza assiégée, où onze personnes ont été tuées pendant la nuit de lundi à mardi, selon la Défense civile.

En ce début d'hiver, des milliers de déplacés tentent avec des moyens dérisoires de se protéger de la pluie. "On essaie autant qu'on peut d'empêcher l'eau de pluie de s'infiltrer dans les tentes afin que les enfants ne soient pas trempés", raconte Ayman Siam, un père de famille réfugié dans le camp de Yarmouk à Gaza-ville, dans le nord.

L'hiver va être "horrible", a prévenu Louise Wateridge, une responsable des situations d'urgence à l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Les habitants de Gaza "n'ont pas les choses les plus basiques depuis 13 mois: ni nourriture, ni eau, ni abri. Avec la pluie et le froid en plus de tout ça...", a-t-elle expliqué à l'AFP.