Nucléaire iranien. Iraniens et Européens se parlent à Genève sur le nucléaire
A la veille d'une réunion sur le nucléaire iranien, le numéro deux de la diplomatie européenne a dit avoir eu jeudi une "discussion franche" sur le sujet à Genève avec de hauts responsables iraniens. Les échanges ont aussi porté sur les tensions au Proche-Orient.
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ATS et AFP
Aujourd’hui à 03:30, mis à jour à 03:43
Enrique Mora s'est entretenu avec Majid Takht-Ravanchi et Kazem Gharibabad, deux adjoints du ministre des affaires étrangères Abbas Araghchi.
La discussion a porté "sur le soutien de l'Iran à la Russie, qui doit cesser, sur la question nucléaire, qui doit trouver une solution diplomatique, sur les tensions régionales - il est important que toutes les parties évitent l'escalade - et les droits humains", a indiqué M. Mora sur le réseau social X.
Des pourparlers se tiennent vendredi à Genève entre l'Iran, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni pour évoquer le dossier nucléaire iranien, la Russie et la situation au Moyen-Orient, à moins de deux mois du retour à la Maison-Blanche de Donald Trump.
Placée dans le prolongement d'une rencontre à New York en septembre, la réunion est entourée de la plus grande discrétion, ni le nom des participants ni l'endroit où les diplomates des quatre pays doivent se retrouver n'ayant été révélés.
Fortes tensions
Elle se déroule dans un contexte de fortes tensions au Proche-Orient, entre l'Iran, ses alliés et Israël, à moins de deux mois du retour à la Maison-Blanche de Donald Trump, qui avait été artisan d'une politique dite de "pression maximale" à l'encontre de l'Iran durant son premier mandat présidentiel (2016-2020).
Pour Téhéran, le but des pourparlers en Suisse est d'éviter une situation "doublement désastreuse" qui placerait l'Iran de nouveau face à cette politique américaine avec en plus, cette fois-ci, celle des Européens, explique à l'AFP le politologue iranien Mostafa Shirmohammadi.
A l'épineux dossier nucléaire viennent s'ajouter les accusations des Occidentaux selon lesquelles l'Iran fournit à l'armée russe des drones explosifs pour sa guerre en Ukraine, ce que nie Téhéran. Dans ce contexte, "l'Iran n'a pas les Européens de son côté", souligne M. Shirmohammadi.
Dans un entretien au quotidien britannique The Guardian publié jeudi, M. Araghchi a expliqué que l'Iran pourrait se doter de l'arme nucléaire si les Européens réimposaient des sanctions.
Fatwa contre l'arme atomique
La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, associés aux Etats-Unis, ont reproché à l'Iran son manque de coopération sur le nucléaire. En riposte, Téhéran a annoncé mettre en service de nouvelles centrifugeuses "avancées" pour enrichir l'uranium, mais n'a pas donné de calendrier.
Les Iraniens défendent un droit au nucléaire à des fins civiles et nient vouloir se doter de l'arme atomique, ce dont les Occidentaux les soupçonnent fortement. Jeudi soir, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a redit sa détermination absolue d'empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique. "J'exploiterai toutes les ressources qui peuvent l'être" pour y arriver, a-t-il ajouté.
L'ayatollah Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989 et ultime décideur dans les dossiers sensibles du pays, a interdit dans un décret religieux (fatwa) tout recours à l'arme atomique.
"Il y a un débat en ce moment en Iran sur le fait que c'était peut-être une mauvaise politique", a déclaré Abbas Araghchi au quotidien. Si les Européens réimposent des sanctions contre Téhéran, "ils auront alors convaincu tout le monde en Iran que, oui, cette doctrine est erronée", insiste-t-il.
Accord moribond
En 2015, l'Iran avait conclu à Vienne un accord avec la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et les Etats-Unis pour encadrer son programme nucléaire. Le texte prévoyait en contrepartie un allègement des sanctions internationales contre Téhéran.
Mais en 2018, Donald Trump a retiré unilatéralement son pays de l'accord - auquel se conformait Téhéran, selon l'AIEA - et a rétabli de lourdes sanctions à l'encontre de l'Iran.
En représailles, Téhéran a considérablement augmenté ses réserves d'uranium enrichi et porté le degré d'enrichissement à 60%, proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique.
L'accord sur le nucléaire de 2015, qui arrivera à échéance en octobre 2025, plafonnait ce taux à 3,67%.