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France. "Gilet jaune" éborgné à Paris en 2019: procès contre un policier

Une juge d'instruction a ordonné un procès devant la cour criminelle départementale de Paris contre un policier soupçonné d'avoir éborgné un "gilet jaune" avec une grenade lacrymogène en novembre 2019 à Paris, a-t-on appris vendredi de source proche du dossier.

Ce procès criminel serait parmi les premiers concernant les violences commises par des policiers lors des manifestations des "gilets jaunes" qui ont débuté à l'automne 2018.KEYSTONE/EPA/JULIEN DE ROSA

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 14:09, mis à jour à 14:44

Temps de lecture : 1 min

Le policier sera jugé pour violences volontaires ayant entrainé une mutilation ou une infirmité permanente par une personne dépositaire de l'autorité publique", selon l'ordonnance de mise en accusation signée jeudi et consultée vendredi par l'AFP.

Il est accusé d'avoir "volontairement effectué un tir ne respectant pas le règlement en vigueur, car tiré de façon évidente trop bas, en dessous des 30° minimum requis", soit un tir tendu, écrit la magistrate.

La grenade lacrymogène a "percuté violemment l'oeil gauche du manifestant, sans qu'il puisse l'éviter et l'anticiper, entraînant la perte irrémédiable de son oeil", poursuit-elle.

"Un tir tendu n'avait pas sa place dans le cas d'espèce, le "gilet jaune" n'exerçant aucune voie de fait envers les forces de police et étant en retrait des manifestants violents", estime la juge d'instruction.

"La poursuite criminelle de ce policier qui a éborgné (son client) avec une grenade est un soulagement", a réagi auprès de l'AFP Arié Alimi, avocat du manifestant.

L'avocat du policier n'a pas répondu dans l'immédiat à l'AFP.

A l'écart du chaos

La victime participait à une manifestation autorisée des "gilets jaunes" le 16 novembre 2019 place d'Italie à Paris, qui avait dégénéré avant d'être annulée par la préfecture de police.

Sur une vidéo, on voit l'homme âgé alors de 41 ans discuter à l'écart du chaos avec d'autres manifestants, à proximité du centre commercial Italie 2.

Il est soudainement heurté sur la partie gauche de son visage par une grenade lacrymogène.

Au cours de la procédure, le gardien de la paix, âgé actuellement de 49 ans, a nié "être l'auteur des blessures" tout en précisant que si l'enquête démontrait son implication, "cela ne (pouvait) être alors qu'involontaire".

Le policier avait été mis en examen le 30 mars 2023 et laissé libre.

La juge d'instruction est allé à l'encontre du parquet, qui avait requis un non-lieu, estimant que "si le tir effectué par le gardien de la paix peut être considéré comme un tir tendu par la gendarmerie nationale, l'expert balistique et le constructeur, il est conforme au regard de la formation reçue par le mis en cause".

Ce procès criminel serait parmi les premiers concernant les violences commises par des policiers lors des manifestations des "gilets jaunes" qui ont débuté à l'automne 2018.