Mayotte. Mayotte: Macron annonce des mesures d'urgence
Emmanuel Macron a quitté Mayotte vendredi après avoir constaté l'immensité des besoins sur l'archipel après le passage du cyclone Chido. Il a promis le raccordement des foyers à l'eau dès samedi, mais a écarté tout retour à la normale avant des "mois".
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ATS et AFP
20 décembre 2024 à 14:49, mis à jour à 18:16
"Il y a l'urgence qu'on est en train de faire. Il va y avoir la stabilisation parce que pendant des mois, Mayotte ne vivra pas en situation normale", a-t-il déclaré à des médias régionaux avant de s'envoler pour Djibouti et le traditionnel Noël avec les troupes déployées à l'étranger.
Les écoles ne pourront pas toutes rouvrir à la rentrée du 13 janvier, a-t-il averti. "Mais on veut pouvoir apporter une solution à toutes les familles" à cette date, a-t-il assuré, évoquant entre autres la scolarisation d'élèves à La Réunion voisine.
L'approvisionnement en eau, problème le plus critique six jours après le passage du cyclone, sera en revanche rétabli dans les foyers, au moins de façon partielle, dès samedi, a-t-il ajouté.
"Une Nation"
Durant ses deux jours à Mayotte, le chef de l'Etat, confronté à la détresse d'habitants à la fois exaspérés et accablés par les dégâts du cyclone, a promis la mobilisation générale de la métropole et mis en garde contre la "division".
"Nous sommes une Nation" et "Mayotte et la France, jusqu'au bout", a-t-il écrit sur le réseau social X en français et mahorais au moment de quitter l'archipel.
Sur place, le bilan provisoire s'élève désormais à 35 morts et quelque 2500 blessés, a annoncé vendredi le ministère de l'Intérieur. Mais "il est vraisemblable qu'il y ait beaucoup plus de victimes", a reconnu Emmanuel Macron. Le cyclone a également fait au moins 75 morts au Mozambique et 13 autres au Malawi.
Pour une loi spéciale
Avant de décoller, Emmanuel Macron a tenu en visioconférence une réunion de la cellule interministérielle de crise pour "transmettre au gouvernement et aux administrations les actions utiles à prendre", a indiqué l'Elysée. Matignon a ainsi annoncé dans l'après-midi une batterie de mesures, dont des facilités ou report du paiement des impôts des entreprises et particuliers.
Déterminé à "rebâtir" l'archipel, notamment par une "loi spéciale", M. Macron a dit faire de la maîtrise de l'immigration une priorité et un préalable. "On ne pourra pas régler les problèmes de fond de Mayotte si on ne règle pas le problème de l'immigration clandestine", a-t-il affirmé.
A moyen terme, il entend augmenter, jusqu'à presque doubler, le nombre de reconduites à la frontière depuis ce territoire de l'océan Indien, qui était de 22'000 en 2023. Sachant qu'environ un tiers de la population de Mayotte, soit plus de 100'000 habitants, notamment les personnes en situation irrégulière venant des Comores voisines, vivent dans des logements précaires.
"Coupés du monde"
Dans la matinée, le chef de l'Etat s'est rendu à Tsingoni, commune enclavée de l'ouest de Grande-Terre, l'île principale de l'archipel. Loin du chef-lieu Mamoudzou, les secours, l'eau, l'électricité et la nourriture tardent à arriver. "On veut de l'eau, de l'eau", l'ont imploré plusieurs habitants.
L'un d'eux, Badirou Abdou, prévient: "Ici on est coupés du monde", il "y a des gens qui dorment dehors, par terre... Les maladies, ça va arriver", a-t-il averti.
"Déjà 80 tonnes d'alimentation et 50 tonnes d'eau ont été distribuées dans neuf communes hier", a abondé le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau sur X, assurant que "tout est mis en place pour permettre de distribuer 600'000 litres d'eau par jour", soit un peu moins de deux litres par personne, dans un territoire où il fait actuellement plus de 30 degrés.
"10'000 fois plus dans la merde"
Jeudi, lors d'une première journée parfois tendue sur ces îles ravagées le 14 décembre par le cyclone le plus violent depuis 90 ans, Emmanuel Macron avait pu constater l'étendue des dégâts et l'ampleur de la détresse, faisant face pendant de longues heures à l'impatience, la colère et le désespoir de Mahorais qui ont parfois tout perdu.
"Si c'était pas la France, vous seriez 10'000 fois plus dans la merde !", a rétorqué jeudi le chef de l'Etat au milieu de la foule qui criait, des propos qui lui ont valu de vives critiques de l'opposition à Paris. Face aux polémiques suscités par ses propos, M. Macron a affirmé avoir répondu à des "gens" du Rassemblement national qui "insultaient la France (...) en disant on ne fait rien".