Accord de partenariat économique entre l’AELE et l’Indonésie
L'huile de palme. un problème marginal
Elle représente moins de 0,1% du commerce bilatéral entre la Suisse et l’Indonésie
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Yves Genier
21 janvier 2021 à 22:18
Accord de libre-échange » Le référendum contre l’accord de libre-échange signé en 2018 entre l’Indonésie et l’Association européenne de libre-échange (AELE), dont la Suisse est membre, a été déposé pour combattre une hausse des importations d’huile de palme. Selon le comité référendaire, ce texte doit être rejeté au nom de la préservation de l’environnement et des conditions de travail des cultivateurs de palmiers à huile en Indonésie, et de la concurrence que l’importation de leur production fait subir à la production suisse d’huiles végétales, principalement le colza et le tournesol.
40’455
En francs, la valeur de l’huile de palme importée en 2019
Cependant, la Suisse n’importe pratiquement pas d’huile de palme d’Indonésie, selon les statistiques de l’Administration fédérale des douanes. En 2019, le volume total des importations en provenance de ce vaste pays d’Asie du Sud-Est s’élevait à 34,5 tonnes, pour une valeur de 40’455 francs. Cela représente 0,004% des importations totales suisses de ce pays, lesquelles atteignaient 979,1 millions de francs. Les années précédentes, la valeur de l’huile de palme dans les importations totales n’avait cessé de baisser. Elle s’élevait à 4,2 millions de francs en 2010, c’est-à-dire 2,57% des importations totales de ce pays cette année-là, qui étaient du reste nettement moins élevées que celles de l’an dernier, avec 162,4 millions de francs.
«Un enjeu emblématique»
«L’importance du commerce de l’huile de palme entre les deux pays est anecdotique», reconnaît le vert genevois Nicolas Walder, conseiller national et l’un des porte-parole romands du comité référendaire. Cependant, ajoute-t-il, «elle représente un enjeu emblématique. Elle exerce une concurrence à la production d’huiles végétales indigènes. Son inclusion dans l’accord de libre-échange doit faciliter l’exportation, par la Suisse, de produits pharmaceutiques.»
En effet, ces derniers représentent le deuxième poste des exportations suisses vers l’Indonésie, pour 71,3 millions de francs en 2019, derrière les machines (126,7 millions) et devant les produits chimiques (54,3 millions). En échange, la Suisse importe surtout d’Indonésie des chaussures (90,8 millions de francs) des vêtements (77,7 millions) et, surtout, des métaux précieux (612,9 millions).
30’000
tonnes d’huile de palme ont été importées durant la dernière décennie
La Suisse apprécie l’huile de palme. Elle en a importé quelque 30’000 tonnes en moyenne annuelle au cours de la dernière décennie. Les quantités sont néanmoins en baisse: elle en faisait venir 34 759 tonnes en 2010, mais plus que 21 308 tonnes en 2019. Les principaux fournisseurs se situent évidemment tous dans la ceinture équatoriale, où le climat chaud et humide permet la pousse des palmiers. En 2019, c’étaient les îles Salomon, archipel de l’Ouest pacifique (5781,9 tonnes), suivies de la Malaisie (5353 tonnes), du Cambodge (3076 tonnes) et de la Côte d’Ivoire (3076 tonnes).
Les années précédentes, la Papouasie, voisine de l’Indonésie, figurait aussi parmi les principaux exportateurs vers la Suisse, avant de voir sa part se réduire nettement. Aucun de ces pays n’a conclu de traité de libre-échange avec la Suisse. La Malaisie est en train d’en négocier un, qui n’est pas encore conclu. La conclusion d’un accord de libre-échange avec l’AELE ne garantit cependant pas aux pays producteurs un envol de leurs exportations. Les Philippines n’ont ainsi écoulé que 10 tonnes en Suisse en 2019, en dépit d’une production annuelle de 90’000 tonnes et d’un accord en vigueur depuis 2018. Il en va de même avec la Colombie: malgré l’entrée en vigueur d’un tel texte en 2011, ses ventes en Suisse n’atteignent pas 300 tonnes par an.
Tournesol et colza
En Suisse, la part de l’huile de palme dans la consommation se maintient entre 13 et 18% de la consommation globale depuis 2005, selon les statistiques de Swiss Granum, association qui regroupe les cultivateurs et les industries des oléagineux et des céréales. Par comparaison, l’huile de tournesol voit sa part évoluer entre 30 et 40% de la consommation totale, et celle de colza entre 25% et 30%.
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