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Économie

Un nouveau tunnel pour les touristes

La ville de Lucerne cherche depuis des années une solution contre l’«avalanche de tôle» formée par les cars

Sur la Schwanenplatz de Lucerne, les touristes débarquent à quelques mètres du lac. Cela pourrait changer si le projet de parking souterrain est adopté.

 Ariane Gigon, Lucerne

Ariane Gigon, Lucerne

17 août 2022 à 04:01

Tourisme » Un parking souterrain et un tunnel de 800 mètres pour arriver, à pied, au cœur de Lucerne: c’est la solution que propose l’exécutif municipal pour libérer le centre de la cité la plus courue de Suisse par les groupes de touristes. Les Lucernois devront probablement voter.

Lucerne, 82 000 habitants, est la capitale suisse des cars de touristes. Avant la pandémie, elle en accueillait, en haute saison, quelque 500 par jour, souvent remplis de personnes venues d’Asie. En comparaison, Interlaken (voir La Liberté du 13.8.2022), autre haut lieu des voyages organisés, accueillait avant le Covid environ 200 cars par jour, mais pour 5700 habitants.

Une pause grâce au Covid

Ce succès de Lucerne se traduit par des rentrées sonnantes et trébuchantes (au moins 224 millions de francs par année pour la seule ville en 2017, selon une étude). Mais il a aussi son revers: le centre-ville étouffait sous une «avalanche de tôle», selon le nom d’une initiative proposant de fermer l’un des parkings pour les cars, acceptée en 2017. Au fil des années, de nombreux projets ont été lancés, sans aboutir jusqu’ici. «La pandémie nous a permis de respirer, mais le tourisme et les bus sont à nouveau là, et nous ne pouvons pas nous permettre de rien faire», a expliqué hier, devant les médias, le conseiller municipal Adrian Borgula, responsable (Vert) du département de l’environnement et de la mobilité.

Au terme d’un processus participatif de deux ans, l’idée du tunnel piéton s’est imposée. L’idée n’est pas neuve: le parlement a déjà rejeté un projet de parking souterrain avec tunnel piéton. Mais l’avantage de la nouvelle idée, ont indiqué les responsables hier, est de se greffer sur un chantier déjà planifié, celui de la rénovation et l’agrandissement de l’Hôpital cantonal. Les cars pourraient se parquer dans un quatrième sous-sol, d’où partirait le tunnel de 800 mètres, «aménagé pour que tout le monde se sente en sécurité», a précisé Isabelle Kaspar, co-cheffe d’état-major au département de la mobilité. Les cyclistes y seront peut-être également autorisés.

Dans le rapport publié hier, l’exécutif écrit que, même si le développement des voyages, dans le monde est soumis à de nombreuses incertitudes postpandémiques, «les déplacements en groupes et en cars se maintiendront, avec des personnes âgées et ne comprenant pas la langue des pays qu’elles visitent.» Les 800 mètres qu’il leur faudra parcourir à pied pour déboucher au centre-ville restent toutefois, selon les responsables, supportables.

«C’est à peu près la distance que vous parcourez dans un aéroport», estime le chef de projet Roland Koch. De plus, il pourrait y avoir un tapis roulant, comme dans couloirs de métro ou d’autres transports publics. «Pouvoir descendre du car en plein centre-ville est un luxe très rare, pour les touristes, a précisé Adrian Borgula. Cela n’existe pratiquement dans aucune autre capitale touristique.» Ainsi, à Salzbourg, destination semblable à Lucerne en termes de nombre de car et de nuitées, les cars doivent parquer à la périphérie. Un tunnel y existe déjà, «plus long», selon les autorités lucernoises.

A titre de comparaison, à Montreux également, autre ville prisée des touristes, les cars ne peuvent que s’arrêter brièvement au centre et doivent ensuite se parquer, gratuitement, à l’extérieur. La question de ces bus déversant des dizaines de touristes est traitée dans un cadre plus large, indique la porte-parole Sophie Brinca. «Une étude est actuellement réalisée pour un concept de mobilité globale lors des grandes manifestations telles que le Montreux Jazz Festival ou Montreux Noël.»

Augmentation des tarifs

Retour au bord d’un autre lac, à Lucerne. En attendant le futur nouveau parking et le tunnel piéton, qui doivent encore franchir toutes les étapes législatives, l’exécutif souhaite relever les taxes de stationnement pour les cars. Une étude comparative en 2019 avait montré que la ville du Lac des Quatre Cantons connaissait des tarifs horaires certes un peu plus élevés que les autres cités suisses pour le centre-ville, mais extrêmement plus avantageux que d’autres destinations autochtones hors villes (Titlis ou Chutes du Rhin par exemple) et, surtout, que d’autres capitales européennes.

L’adaptation proposée est conséquente: de 10 à 18 francs, par exemple, par heure, à la Löwenplatz. Voilà qui pourrait provoquer, chez les opérateurs touristiques, la même grimace de douleur que montre, depuis 1821, le lion mourant sculpté dans la roche, non loin…

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