Logo

Économie

Ulrich Körner, le retour d’un vétéran

Le nouveau directeur général de Credit Suisse est connu. Il remplace Thomas Gottstein


28 juillet 2022 à 04:01

Banque » Credit Suisse a annoncé hier la nomination d’Ulrich Körner au poste de directeur général, en remplacement de Thomas Gottstein, qui jette l’éponge au bout de deux ans, dans un contexte tendu. Bien qu’ayant passé onze ans à la direction du concurrent UBS, celui-ci n’est pas pour autant un inconnu de la maison, ayant siégé à la direction de la banque aux deux voiles pendant une dizaine d’années au cours de la première partie de sa carrière.

Agé de 59 ans, Ulrich Körner dirigeait depuis juin 2021 la division gestion d’actifs de Credit Suisse et prendra ses nouvelles fonctions à la tête de l’établissement au 1er août. Un an auparavant, en avril 2020, M. Körner avait quitté la direction du concurrent UBS, où il siégeait depuis 2009. Il y dirigeait la division gestion d’actifs depuis 2014 et avait auparavant été en charge des opérations.

Il grimpe vite

M. Körner avait rejoint Credit Suisse avec pour tâche de redresser la division gestion d’actifs (Asset Management), qui propose des fonds de placement et s’adresse à des clients professionnels tels que des fonds de pensions, après l’épisode catastrophique de l’affaire Greensill. Il aura désormais pour première mission de mener une nouvelle revue stratégique afin de renforcer la gestion de fortune, cœur de métier du numéro deux bancaire helvétique.

Double national germano-suisse, Ulrich Körner a suivi une scolarité en Allemagne avant de terminer ses études gymnasiales au Lyceum Alpinum de Zuoz, dans les Grisons. Le nouveau patron de Credit Suisse occupe d’ailleurs toujours le poste de vice-président du conseil d’administration de cet établissement scolaire très prisé des familles allemandes fortunées. Après des études à l’Université de Saint-Gall, il a commencé sa carrière en tant que réviseur financier avant d’entrer au cabinet de conseil McKinsey.

Sa carrière chez Credit Suisse débute en 1998. Il gravit rapidement les échelons et devient directeur financier en 2002. Son nom apparaît également au Registre du commerce dans des établissements intégrés dans Credit Suisse, tels que la banque Hofmann et Clariden Leu. En 2007, lorsque Oswald Grubel quitte Credit Suisse, Ulrich Körner est un des papables pour reprendre la direction générale, aux côtés de Brady Dougan et de Paul Calello, rapportait alors le journal Cash. Au final, c’est Brady Dougan qui l’emporte, et Ulrich Körner, alors directeur général pour la Suisse et responsable de la gestion de fortune, en tire les conséquences et quitte la banque en 2008. En 2009, Oswald Grubel prend la tête d’UBS et appelle Ulrich Körner à le rejoindre.

A l’époque, une journaliste de la Neue Zürcher Zeitung décrit Ulrich Körner comme «travailleur et discret», reconnu par ses collègues pour ses compétences. Peu connu du grand public, on le dit cependant «cassant», voire «arrogant» dans ses rapports avec ses subordonnés. Lorsque ses collaborateurs tiennent devant lui une présentation, il serait très avare en formes de salutation. Cette première impression se dissipe toutefois rapidement et M. Körner serait au final «agréable à côtoyer et à écouter». M. Körner a en outre siégé de 2005 à 2007 au conseil d’administration de l’assureur Axa et a présidé celui de l’hôtel Widder, à Zurich, de 2009 à 2018, alors qu’il appartenait à UBS. Il est domicilié dans la commune d’Uetikon am See.

Selon le dernier rapport annuel de Credit Suisse, Ulrich Körner avait un crédit en cours de 4 millions de francs, à fin 2021. Les volumes de crédit auprès d’UBS et de Credit Suisse sont connus car les plus gros emprunteurs doivent être cités par leur nom. En outre, M. Körner détenait également des actions Credit Suisse à la fin de l’année: près de 250 000, ce qui correspond actuellement à une valeur de 1,3 million de francs. atS


Chiffres pires que prévu

Le débours essuyé par Credit Suisse s’est révélé pire que prévu. Le numéro deux bancaire helvétique a subi une perte nette de 1,59 milliard contre un bénéfice de 253 millions un an auparavant.

La division de banque d’affaires, Investment Bank, a affiché une perte avant impôts de 1,11 milliard de francs, a indiqué hier Credit Suisse. Le résultat du deuxième trimestre a également été affecté par des provisions plus élevées pour litiges juridiques et autres positions.

Mais le rouge est aussi de mise, certes de peu, dans la gestion de fortune. Sa division principale a essuyé une perte avant impôts de 96 millions de francs. Pour cette activité, les engagements moindres de la clientèle et des volumes réduits en raison de l’évolution des marchés ont pesé sur la performance.

Les affaires helvétiques ont quant à elles échappé à la curée, la banque tirant notamment profit de produits d’intérêts plus élevés, mais aussi de l’embellie affichée par l’émetteur de cartes de crédit Swisscard. Le bénéfice avant impôts s’est élevé à 402 millions de francs. En revanche, la division Asset Management a également souffert de la réticence des clients à investir. Son bénéfice avant impôts s’est effondré de 75% à 30 petits millions.

A l’échelle du groupe, les revenus se sont eux contractés de 29% à 3,64 milliards de francs. Au regard des trois premiers mois de l’année, ils se sont tassés de 17%. En parallèle, les charges ont augmenté de 10% à 4,75 milliards. La perte avant impôts s’est ainsi inscrite à 1,17 milliard, contre un gain de 813 millions au 2e trimestre 2021.

Les conditions de marché défavorables se sont également traduites par un repli des avoirs sous gestion à 1454 milliards de francs, contre 1632 milliards douze mois auparavant. Entre avril et fin juin, les reflux nets de fonds se sont établis à 7,7 milliards, effaçant quasiment l’afflux de 7,9 milliards affiché trois mois plus tôt. aTS

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus


Dans la même rubrique