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Économie

Produire du carburant «vert», un défi ardu pour l'aviation

Le secteur aérien aimerait réduire son empreinte carbone, mais le chemin semble encore long.

Ces prochaines années, Swiss envisage d’utiliser du kérosène durable produit grâce à la chaleur solaire. © Swiss International Airlines

Sevan Pearson

Sevan Pearson

27 octobre 2023 à 18:45

Temps de lecture : 1 min

Mobilité » La moitié de la production électrique de l'Allemagne: voilà ce que devrait consommer la compagnie aérienne Lufthansa pour faire voler l’ensemble de ses 350 avions au carburant de synthèse, selon les propos, fin septembre, de son patron Carsten Spohr. A l’écouter, décarboner l’aviation s’apparente à une mission quasi impossible. Et en Suisse? Selon un récent rapport de l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC), cette part s’élèverait à 70% de l’électricité produite dans le pays.

La réalité est cependant plus complexe, car il existe plusieurs approches pour produire du carburant durable d’aviation. Et toutes ne requièrent pas forcément de grandes quantités d’électricité.

Du «jus de poubelle»

Une solution, c’est le «jus de poubelle», comme le dit l’expert français en aéronautique Xavier Tytelman. «C’est du carburant durable issu des graisses, par exemple des huiles de friture. En France, on peut espérer la production de quelques dizaines de milliers de tonnes par an, sachant qu’un aller simple Paris-New York nécessite environ 100 tonnes de kérosène pour un gros avion. Leur apport serait donc limité.» Autre piste: le carburant issu des déchets végétaux, qu’il s’agisse de feuilles d’arbres, d’algues, de gazon coupé, de déchets agricoles, de branchages, etc. Ils sont ensuite traités dans des raffineries.

Le groupe Lufthansa, auquel appartient la compagnie aérienne Swiss, a utilisé en 2022 13 000 tonnes de carburant durable d’aviation, soit 0,2% de tout le kérosène dont elle a eu besoin. Cette part qui semble modeste correspond à 5% de tout le carburant durable d’aviation disponible dans le monde. Son coût demeure élevé: il est de 4 à 6 fois plus cher que le kérosène fossile.

Soleil à la rescousse

Pour produire du carburant de synthèse en grande quantité, une des solutions pourrait venir d’une start-up suisse, Synhelion, qui collabore étroitement avec la compagnie Swiss. Le principe: du CO2 est capté dans l’air ambiant, combiné à de l’eau et à un oxyde métallique, puis chauffé dans un réacteur à 1500 degrés. Un processus chimique génère ensuite un gaz de synthèse, lui-même liquéfié à l’aide d’un processus industriel appelé Fischer-Tropsch. L’énergie est fournie par des miroirs solaires.

«Nous utilisons directement la chaleur du soleil, sans passer par une production électrique. Notre technologie nécessite une certaine place et est particulièrement adaptée aux déserts. Cela permet d’éviter d’empiéter sur des terres agricoles. En outre, il n’y a pas besoin de lignes électriques», détaille Carmen Murer, porte-parole de Synhelion.

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