Les mafias exploitent de plus en plus la technologie cryptée pour faire des affaires en Europe

Les mafias exploitent de plus en plus les possibilités offertes par la technologie. Notamment, la cryptophonie, soit le chiffrement de la parole dans les systèmes de communication, ce qui leur permet d’agir dans l’anonymat. C’est ce qui ressort de nombreuses enquêtes également liées à la Suisse. L’Institut de droit de l’Université de la Suisse italienne (IDUSI), en collaboration avec le Service informatique légal de la Haute Ecole spécialisée de la Suisse italienne (SUPSI), a récemment organisé une table ronde sur le sujet.

Collaborateur scientifique auprès de la SUPSI, Nicolas Tagliabue a expliqué que dans sa forme la plus simple, «la cryptographie est une méthode qui modifie une donnée, à l’aide d’un algorithme», et qui permet à la seule personne détenant la bonne clef de la lire. Il cite l’exemple d’EncroChat, un réseau de communication et fournisseur de services basé en Europe, essentiellement utilisé par le crime organisé. Ce réseau proposait des téléphones portables modifiés, coûtant entre 1000 et 2500 euros (plus quelques milliers d’euros pour l’abonnement), permettant une communication cryptée entre abonnés.

En 2020, la police a infiltré EncroChat dans le cadre d’une enquête. Après quoi la société a écrit à ses abonnés pour leur dire que «la sécurité du système n’était plus assurée. Elle leur conseillait de se débarrasser de leur appareil.» «Un système est sûr pour une durée déterminée», relève Nicolas Tagliabue, soulignant qu’«une petite faille peut permettre le démantèlement d’une forteresse qui semblait indestructible».