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Économie

Un plan d’action et des frustrations. «Les locataires attendent des mesures concrètes»

Le conseiller fédéral Guy Parmelin a présenté mardi une trentaine de mesures pour contrer la pénurie de logements en Suisse

Guy Parmelin (au centre) était en compagnie notamment du conseiller d’Etat fribourgeois Jean-François Steiert (à sa droite) pour présenter les fruits d’une table ronde sur la pénurie de logements. © Keystone

Philippe Castella & Maude Bonvin

Philippe Castella & Maude Bonvin

13 février 2024 à 22:20

Temps de lecture : 1 min

La pénurie de logements s’étend en Suisse. La situation est vraiment problématique dans les grands centres urbains et certaines régions touristiques. De quoi inciter le monde politique à prendre le taureau par les cornes. C’est ce qu’a fait le conseiller fédéral Guy Parmelin en présentant mardi un plan d’action comprenant une trentaine de mesures. C’est là le fruit d’une large table ronde comprenant tous les acteurs concernés: cantons, communes, milieux de la construction et de l’immobilier. Le résultat suscite toutefois un enthousiasme pour le moins modéré.

«Il y a une certaine frustration après cette table ronde», a dû reconnaître le ministre de l’Economie. «Le défi, ce n’est pas seulement d’avoir fait les constatations, mais de concentrer les efforts sur des mesures où il est possible de trouver des majorités.» Et c’est là que le bât blesse. D’autant que, vu l’état de ses finances, la Confédération se refuse à ouvrir son porte-monnaie.

Ralentissement à venir

Sur le terrain pourtant, la situation se dégrade. Il manque entre 7000 et 10 000 nouveaux logements chaque année pour couvrir la demande, d’après l’Administration fédérale. Et la Société suisse des entrepreneurs (SSE) prévoit un ralentissement de l’activité ces prochains mois, sous l’effet du renchérissement des matériaux de construction et de la hausse des taux d’intérêt. La situation devrait toutefois se détendre en 2025, selon elle.

Au 1er juin 2023, le taux de vacance s’établissait à 1,15% en Suisse, contre 1,31% à la même période de 2022. Il s’agit de la 3e baisse consécutive, selon l’Office fédéral de la statistique. Le canton de Fribourg affichait lui un taux de logements vacants de 1,38%, respectivement 1,77% en 2022. Quant aux loyers, ils devraient progresser de 3,8% cette année, après une hausse de 3,6% l’an passé, d’après le cabinet de conseil Wüest Partner.

Selon les régions

La situation varie beaucoup d’une région à l’autre. «Les problèmes de la ville de Zurich ne sont pas les mêmes que dans l’arrière-pays neuchâtelois», illustre Guy Parmelin. Les réactions logiquement non plus: maire de Zurich, Corinne Mauch n’a pas caché sa «désillusion» face au plan d’action. «Les mesures ne sont pas suffisamment concrètes ni contraignantes», regrette celle qui est aussi vice-présidente de l’Union des villes suisses.

Du côté des cantons, on se montre un peu plus positif. Vice-président de la Conférence des directeurs cantonaux des travaux publics, de l’aménagement et des constructions, le Fribourgeois Jean-François Steiert salue ainsi les mesures prises pour réduire les oppositions abusives et la durée des procédures: «Des projets sont bloqués pendant des années. Il y a une pondération à faire entre les intérêts individuels et collectifs.» L’élaboration d’un guide est notamment prévue pour faciliter cette pesée d’intérêts.

De même, Olivier Feller, secrétaire général de la Fédération romande immobilière, salue en particulier les simplifications de procédure pour la transformation de locaux commerciaux en logements. Pour le reste, «ce plan d’action a le mérite d’exister», constate, sans enthousiasme, l’élu PLR. Toutes les mesures qui impliquent des modifications légales vont prendre du temps à mettre en œuvre et sont soumises aux humeurs parlementaires, voire à une sanction dans les urnes.

Rien pour les locataires

Pour la Société suisse des entrepreneurs (SSE), ce plan d’action orienté construction et économie de marché va dans la bonne direction. L’association du bâtiment et du génie civil plaide pour des procédures d’autorisation plus rapides. Comptez en moyenne 230 jours avant de planter le premier clou. «La numérisation systématique des procédures d’autorisation de construire est en outre essentielle pour accélérer le mouvement», estime son porte-parole pour la Suisse romande, Pascal Gysel. La SSE salue l’introduction d’une participation aux frais en cas d’opposition. «Cette approche empêchera les oppositions abusives.» Elle en est persuadée.

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